Ahmed Masood (ancien du FMI): "l'ouverture du Maroc vers l'Afrique est la bonne approche"

Ce diplômé de la London School of Economics a assuré le rôle de directeur du FMI dans la région du Moyen-Orient et l’Asie centrale de 2008 à octobre 2016. Il juge que la stratégie marocaine en Afrique est la bonne mais il alerte sur un point : la réforme éducative. Interview.

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Ahmed Masood, ancien directeur MENA et Asie du centre du FMI. Crédit: ZC

En tant qu’ancien haut responsable au FMI, comment jugez-vous la récente ouverture du Maroc vers l’Afrique subsaharienne ?

Je pense que la stratégie marocaine d’ouverture vers l’Afrique est la bonne approche. C’est là où la croissance va se trouver à l’avenir. L’économie marocaine est traditionnellement très liée à l’Europe, or la croissance devrait y rester faible durant la prochaine décennie.  Le secteur bancaire du Maroc est bien développé. Pourquoi dès lors ne pas s’étendre ? Et l’on voit aujourd’hui le grand rôle joué par les établissements bancaires du Maroc en Afrique subsaharienne.

Le FMI avait justement alerté les banques marocaines sur le risque encouru en Afrique…

Evidemment, quand vous décidez d’investir dans de nouveaux marchés, il faut une bonne orientation et un management des risques. C’est  ce que Bank Al Maghrib fait en coopération avec les banques centrales de ces pays. Elles doivent être prudentes autant que pour n’importe quel autre investissement. Il faut des offres qui correspondent au marché prospecté et c’est ce que font déjà les entreprises marocaines. Il faut comprendre que les risques ne sont rien, comparé au retour sur investissement.

Qu’est-ce que le Maroc peut offrir, que d’autres pays, notamment européens ou du Golfe, n’ont pas ?

Ce n’est pas tant une question de donner et recevoir. Le Maroc fait partie de l’Afrique, il ne faut pas l’oublier. Il a de fortes compétences dans certains secteurs, à l’image de la banque. Il y a aussi l’aéronautique  et en troisième lieu les joint ventures autour de l’exploitation des ressources naturelles. Les opportunités de co-investissement et de partenariats sont nombreuses.

Vous considérez la réforme éducative comme un préalable au développement. Où est-ce que la bât blesse ?

C’est un point clé. Ce que nous apprenons à nos enfants aujourd’hui, ce ne sont pas les compétences qu’il leur faudra pour assurer les métiers de demain. Ce qu’il faut est une combinaison de technologies, de digitalisation, d’intelligence artificielle, de robotique … c’est cela qui est demandé à nos jeunes.

Dans la région Mena, et contrairement à partout ailleurs, plus vous êtes éduqué et moins vous avez de chances de trouver un emploi. Pourquoi ? Parce que nous n’offrons pas à nos jeunes l’enseignement adéquat. Nous devons élaborer une nouvelle approche éducative, qui se concentre sur les compétences. Par exemple, au primaire, il faudrait introduire l’apprentissage du code informatique. Faut-il le faire partout ? C’est une idée à explorer.

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