M. Tillerson, 64 ans, connaît très bien la Russie où, en sa qualité de patron du premier groupe pétrolier mondial, il a souvent fait des affaires. Mais il a aussi développé une relation personnelle avec le président russe Vladimir Poutine.
C’est un « professionnel » qui a « de bonnes relations de travail » avec Vladimir Poutine, a réagi le Kremlin.
Avec la nominaton de Rex Tillserson du poste de secrétaire d’Etat, le président-élu des Etats-Unis confirme en effet sa volonté d’engager une détente avec la Russie. Les relations avec Moscou sont au plus bas depuis l’annexion de la Crimée et alors que la situation en Syrie, en particulier à Alep, est chaque jour plus dramatique.
« Je ne peux imaginer une personne mieux préparée et aussi dévouée, pour servir en tant que secrétaire d’Etat à ce moment crucial de notre histoire », a déclaré M. Trump, cité dans le communiqué annonçant la nomination de M. Tillerson.
« En tant que secrétaire d’Etat, il sera un avocat ferme et lucide des intérêts nationaux vitaux de l’Amérique et il aidera à changer des années de mauvaise politique étrangère et d’actions qui ont affaibli la sécurité et la place de l’Amérique dans le monde », poursuit le communiqué.
Le prochain président américain s’est aussi réjoui sur Twitter d’avoir choisi l’un des plus « grands dirigeants d’entreprise du monde » pour succéder au démocrate John Kerry.
Les nombreux prétendants à ce poste de premier plan, le plus prestigieux de l’administration américaine, avaient défilé chez Donald Trump ces dernières semaines. Mais les grands noms attendus se sont finalement inclinés: l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney a annoncé son retrait de la course lundi soir, après l’ex-maire de New York Rudy Giuliani la semaine dernière.
Justifiant le choix inhabituel d’un homme d’affaires de l’envergure de M. Tillerson pour le département d’Etat, l’équipe Trump souligne dans son communiqué qu’il saura « comment s’orienter dans l’architecture complexe des affaires du monde et de différents dirigeants étrangers. »
La confirmation de sa nomination risque toutefois de se heurter à des oppositions au Congrès. Les liens de Rex Tillerson avec la Russie sont vus avec suspicion par de nombreux élus républicains, au moment même où Moscou est accusé par la CIA d’avoir interféré dans l’élection américaine en faveur de Donald Trump. La nomination de tous les ministres doit être approuvée par le Sénat.
Car le patron d’ExxonMobil est loin de faire l’unanimité, y compris dans son camp: Vladimir Poutine, qui lui avait remis en 2013 la décoration russe de l’ordre de l’Amitié, destinée aux étrangers, « est un voyou et un assassin, je ne vois pas comment on peut être l’ami d’un ancien agent du KGB », a notamment lancé le sénateur républicain John McCain peu avant sa nomination.
Sur le plan international, l’arrivée à la tête de la diplomatie américaine de Rex Tillerson, qui s’est publiquement exprimé contre les sanctions imposées à la Russie par les Occidentaux dans sa précédente capacité de patron d’ExxonMobil, va aussi à contre-courant de la fermeté affichée par Paris et Berlin et jusqu’ici par l’actuelle administration américaine.
Angela Merkel et François Hollande se sont encore prononcés mardi en faveur de leur prolongation.
Rex Tillerson aura un autre sujet brûlant à traiter dès son entrée en fonction le 20 janvier: les relations avec la Chine.
Depuis le début du mois, Donald Trump a multiplié les déclarations menaçant de rompre le fragile équilibre des relations entre les Etats-Unis et la Chine, en particulier sur la très sensible question de Taïwan.
Pékin a d’ailleurs lancé sa plus sévère mise en garde à ce jour mardi, avertissant que toute personne qui menacerait les intérêts de Pékin à Taïwan « soulèverait un rocher qui lui écraserait les pieds. »
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