UA: Pourquoi le Maroc est en colère contre Nkosazana Dlamini-Zuma

La présidente de la Comission de l’UA a demandé aux Chefs d’Etats des pays membres de remettre leur décision quant à l’adhésion du Maroc alors que ce sont les diplomaties des 53 pays de l’UA qui doivent accéder à la requête marocaine. Le royaume dénonce une nouvelle manœuvre de la responsable.

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Dans un communiqué publié ce 30 novembre, le ministère des Affaires étrangères accuse la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, de « tenter de contrarier la décision du Maroc de regagner sa place naturelle et légitime au sein de sa famille institutionnelle panafricaine », faisant référence à la décision de la responsable de l’UA de soumettre la demande d’adhésion du Maroc aux chefs d’Etats africains et non aux ministres des Affaires étrangères.  Dans sa communication, la diplomatie marocaine accuse la présidente de la Commission de l’Union africaine d’improviser « une nouvelle exigence procédurale, inédite et sans fondement (…) par laquelle elle rejetterait arbitrairement les lettres de soutien (au Maroc) des États membres de l’UA ».

Majorité largement obtenue

Derrière cette colère marocaine se cachent plusieurs tentatives de déstabilisation de la part de Zuma. Selon une source diplomatique marocaine, ce n’est que le 9 novembre, soit 45 jours après la demande d’adhésion formelle du Maroc, que cette dernière a été relayée aux pays membres de l’Union. En vertu de l’article 29 de l’acte constitutif de l’institution, la décision de chaque État membre est ensuite « transmise au président de la commission qui communique la décision d’admission à l’État intéressé, après réception du nombre de voix requis ».

Le nombre de voix requis à l’adhésion du Maroc a été atteint le 26 novembre, à en croire notre source diplomatique : « Nous avons obtenu beaucoup plus que les 28 lettres favorables requises. Ces lettres ont été envoyées à Mme Zuma et des copies sont également en possession du Maroc ». La norme diplomatique veut que ces lettres soient envoyées par les ministères des Affaires étrangères des pays concernés aux ambassades des pays membres auprès de l’UA. Elles sont ensuite remises à la présidente de la Commission.

Non respect du canal diplomatique

Mais, le 28 novembre, coup de théâtre. Nkozana Dlamini-Zuma fait distribuer une note verbale – document diplomatique formel – aux pays membres de l’UA dans laquelle elle les remercie pour leur implication dans la demande d’adhésion marocaine, mais en réclamant les réponses des chefs d’État et non ceux des diplomaties. Ironie du sort, c’est à travers le canal diplomatique, qu’elle ne reconnaît donc pas, que Zuma a fait cette demande. « Cette pratique n’est prévue par aucun texte de l’Union africaine ». Pire, dans les cas du Tchad et du Rwanda par exemple, le premier étant président de l’UA et le second ayant accueilli le 27e sommet de l’institution panafricaine, c’est une note du ministère des Affaires étrangères relayant l’approbation du chef d’État qui n’a pas été reconnue par Zuma.

Pour la diplomatie marocaine, les actions de la présidente de la Commission de l’UA « n’entravent pas la détermination du Maroc à intégrer l’institution panafricaine ». On regrette néanmoins, les « manœuvres d’une seule personne face à la volonté des États africains, qui est discréditée ». Reste à savoir si ces « manœuvres » pourraient empêcher le Maroc d’adhérer formellement à l’Union africaine, qui tiendra son prochain sommet durant le mois de janvier à Addis-Abeba. Un sommet durant lequel le successeur de Zuma, dont le mandat s’est terminé au mois de juillet, sera connu.

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