Sarkozy: après la politique, le business au Maroc ?

Adieu la politique, bienvenue dans le monde du business. L'hyperactif Nicolas Sarkozy, 61 ans, est le dernier à s'imaginer à la retraite: il devrait bientôt se remettre en selle pour d'autres projets, créer une entreprise de conseils en économie ou pourquoi pas reprendre son projet de fonds d'investissement.

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Nicolas Sarkozy à Casablanca, le 21 juin 2015. Crédit: Fadel Senna / AFP

L’ex-chef de l’État, sèchement éliminé du premier tour de la primaire, où il est arrivé troisième (20,7%) derrière François Fillon et Alain Juppé, avait invité mercredi midi une cinquantaine de ses soutiens parlementaires et élus pour leur témoigner sa « reconnaissance » et son « amitié. »

La réunion s’est déroulée pendant deux heures rue de Miromesnil, à Paris, dans les salons sobres et cossus des bureaux qui lui sont dévolus en tant qu’ancien président.

Plusieurs participants ont résumé pour l’AFP son attitude avec les mêmes mots: « calme et sérénité. » « C’est ce qui m’a frappé chez lui », a confié son fidèle soutien Frédéric Péchenard, directeur général de LR. « Il a été formidable et a analysé la situation avec beaucoup de recul. »

Selon plusieurs participants, Sarkozy a demandé qu’« on aide Fillon ». « L’étape suivante n’est pas encore gagnée », a-t-il dit à propos de la présidentielle de 2017. « Il faut garder l’unité et le rassemblement de la famille politique. »

Pas un mot n’a été prononcé contre qui que ce soit, assure-t-on, même si l’ancien candidat s’est inquiété du « volume sonore » actuel. « Le déchaînement contre moi s’est retourné contre Fillon. C’est la règle médiatique », a-t-il lâché.

Dimanche soir, quand ils ont compris que les dés étaient jetés et que leur champion était éliminé, certains de ses soutiens lui ont conseillé de « prendre de la hauteur » en ne soutenant aucun des deux finalistes. Il ne les a pas écoutés. « Fillon a été mon Premier ministre pendant cinq ans, son projet est le plus proche du mien », a-t-il répliqué.

– Vacances au Maroc –

En lui déclarant dès dimanche soir son soutien, M. Sarkozy a estimé qu’il allait « contribuer à ne pas faire éclater le parti. »

Et maintenant? Que avenir, quels projets pour l’ancien chef de l’État, mis en examen dans l’affaire des « écoutes » et qui risque un procès en correctionnelle.

Lors de cette réunion, il ne s’est apparemment confié à personne. A peine ses soutiens ont-ils appris qu’il resterait à Paris jusqu’à dimanche, pour voter. Il partira ensuite en vacances avec Carla et leur petite Giulia. « D’abord au Cap Nègre », dans la propriété familiale de son épouse, « puis au Maroc à Noël, comme chaque année », croit savoir un proche.

La suite n’est pas encore calée. Mais plusieurs proches le voient déjà reprendre ses conférences internationales, comme il en avait pris l’habitude après sa défaite en 2012 et même après avoir repris la tête de l’UMP fin 2014 (Brésil, Moscou, Suisse, Qatar, Montréal, New York, Israël…), parfois couplées avec les tours de chants de son épouse et qui lui permettaient de s’entretenir avec les grands de ce monde.

Autre piste: la création d’« une boîte en conseils économiques » ou la reprise de son projet de fondation d’un fonds d’investissement. M. Sarkozy n’a jamais officiellement parlé de ce projet, qui avait été abandonné à son retour en politique.

Le Financial Times avait affirmé en 2013 que le Qatar lui avait proposé de placer 500 millions d’euros dans ce fonds pour des investissements en Espagne, au Maroc ou au Brésil.

Retournera-t-il au Conseil constitutionnel, où il a droit de siéger ? A sa profession d’avocat ? « Une chose est sûre, il ne restera pas inactif », assure M. Péchenard.

« Je le sens attentif à la vie politique. Je ne me laisserais pas couper la tête qu’il ne reviendra jamais. J’ai le sentiment qu’il a tourné la page mais n’a pas refermé le livre », assure un proche.

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