Ramid: «Former un gouvernement est important, rester fidèle à ses principes l’est encore plus»

Dans un long entretien au quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, le ministre de la Justice sortant et membre dirigeant du PJD, Mustapha Ramid dénonce « un blocage factice » qui empêche la formation du nouveau gouvernement.

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Mustapha Ramid. Crédit: Tniouni/TELQUEL

Mustapha Ramid a accordé un long entretien au quotidien Akhbar Al Yaoum, dans son édition du 23 novembre, dans lequel il évoque la formation du nouveau gouvernement. Le ministre de la Justice sortant livre sa vision sur l’impasse politique que traverse le Maroc.

Alors que Benkirane a engagé les discussions pour former un gouvernement, le chef de file du PJD paraît incapable de trouver du soutien auprès des autres forces politiques principales. Ramid a appelé à « respecter la volonté populaire exprimée le 7 octobre » et a affirmé que le parti gagnant, en l’occurrence le PJD, a le droit de « déterminer [sa] politique d’alliances », sans conditions et « dans le strict cadre constitutionnel » pour « se mettre d’accord sur une coalition gouvernementale. » 

Mustapha Ramid ne comprend pas pourquoi le RNI exige que l’Istiqlal, pourtant troisième force politique du pays, soit écarté des tractations.  En effet, le parti de la colombe considère que « le choix du parti [le PJD, NDLR ]» de s’allier avec l’Istiqlal est « incompatible » avec lui. « Une grande surprise pour le PJD » selon Ramid, qui rappelle que « le RNI s’oppose à une alliance avec l’Istiqlal alors qu’il a toujours établi avec cette formation une relation politique apaisée». Une attitude « peu compréhensible » a-t-il martelé. Pour l’heure, le PJD dit refuser l’éventualité d’une coalition qui ne compte pas l’Istiqlal. Mustapha Ramid tient à préciser qu’« il n’y a pas de politique ni de cohabitation sans moralité » et que « former un gouvernement est important, mais rester fidèle à [ses] principes l’est encore plus ».

Dans la foulée, le ministre de la Justice sortant a écarté la tenue de nouvelles élections. « On veut éviter un nouveau scrutin car rien ne le justifie » affirme Ramid, insistant sur le fait que « les divergences politiques trouvent une réponse uniquement dans un processus démocratique » et qu’il « appartient à la force [arrivée en tête] d’essayer de former un gouvernement ».« Le Maroc échoue à se doter d’un gouvernement à cause d’un blocage factice » a fustigé Ramid. Et de s’interroger, : « Comment se fait-il qu’un parti, qui ne compte que 37 députés au Parlement, puisse imposer ses conditions sur un parti qui en a 125 ? ». À la fin de l’entretien, Mustapha Ramid a affirmé que si des élections législatives anticipées se tiennent demain, « son parti obtiendra plus de sièges que ceux remportés lors des élections du 7 octobre. »

Huit semaines après les élections législatives du 7 octobre, aucun accord permettant la formation d’un gouvernement ne semble en vue au Maroc. Soutenu par le PPS, son partenaire traditionnel, et le PI, le PJD peut donc compter, en additionnant ses voix aux siennes, sur le soutien de 183 députés. Un chiffre toutefois insuffisant dans un Parlement qui compte 395 parlementaires, avec une majorité absolue fixée à 198 voix.

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