« Penser globalement, agir localement ». La phrase de Driss El Yazami, formulée en ouverture du Sommet des élus locaux sur le climat, est le leitmotiv des travaux des responsables locaux et régionaux du monde entier, réunis le 14 novembre à Marrakech en marge de la COP22. Pour la deuxième édition de ce sommet initié l’an dernier à Paris autour de la COP21, le thème choisi cette année est celui du « financement pour la transition durable des territoires ». Le nerf de la guerre pour la lutte contre les changements climatiques.
Sur le terrain
À la veille de l’ouverture du segment de haut niveau de la COP22, où est attendue une centaine d’officiels du monde entier (chefs d’État et de gouvernements et ministres), c’est donc à l’échelle locale que les débats se concentrent. À juste titre : la population urbaine mondiale va augmenter de 65 millions d’habitants par an entre 2015 et 2030. Cette croissance va se traduire par des hausses de la consommation alimentaire, construction de logement, augmentation des moyens de transport et consommation énergétique, qui sont autant de facteurs qui vont déterminer l’avenir climatique du monde.
L’accord de Paris a reconnu, pendant la COP21, le rôle que jouent les villes et les territoires contre le changement climatique. On estime, en effet, que 75 % des émissions de gaz à effet de serre et 80 % de la consommation énergétique sont attribuées aux territoires urbains. Pourtant, aujourd’hui encore, les décisions prises en termes de planification et de financement des infrastructures des territoires ne sont pas suffisantes pour permettre aux acteurs locaux et régionaux d’aménager leurs territoires pour assurer une transition énergétique. « Les gouvernements ne peuvent pas agir seuls dans leurs décisions. Il y a un cadre international de soutien, certes, mais il faut que tout soit appliqué au niveau national puis local ensuite. L’action sur le terrain est fondamentale » explique James Grabers, représentant Patricia Espinosa, la chef du climat à l’ONU.
Mobiliser les financements
Les élus locaux déplorent un écart important entre les besoins en investissements et les montants alloués aux infrastructures et équipements urbains. Dans les quinze prochaines années, au moins 93 milliards de dollars devront être investis dans des infrastructures et services de base à basse émission de gaz à effet de serre et résilientes, dont plus de 70 % dans les territoires urbains à un rythme d’environ 4,5 à 5,4 milliards de dollars par an. Cependant, les efforts doivent aussi concerner les territoires périurbains et ruraux, dont la résilience face aux dérèglements climatiques influence directement les conditions de vie dans les villes, et qui sont notamment en première ligne sur la gestion des forêts.
Plus de 2,5 milliards de dollars par an d’investissement dans des infrastructures résilientes, inclusives et « climato-compatibles » seraient nécessaires pour maintenir le réchauffement climatique à deux degrés d’ici 2050 quand, à titre d’exemple, seuls environ 9 % des ressources des grandes banques de développement sont fléchées vers le financement climat du niveau infranational (et en grande majorité vers les projets d’atténuation).
Rendre ses projets bancables
Le défi pour augmenter l’accès des territoires à des financements abordables pour les infrastructures résilientes et à faible émission, n’est pas seulement d’augmenter les financements, mais également de créer des environnements favorables qui encouragent la direction des flux financiers. « Ce n’est pas un processus à sens unique. Le problème de la finance ne vient pas uniquement des bailleurs de fonds. Il faut que les villes fournissent des projets bancables » explique encore James Grabers.
« C’est une priorité pour les villes et les régions issues des pays en développement, qui ne disposent ni de l’ingénierie ni des ressources financières nécessaires propres pour répondre à ce besoin fondamental », renchérit Parks Tau, ancien maire de Johannesburg.
Aussi, réunis à Marrakech, les élus locaux se sont penchés sur les différents points qui les éloignent de la finance-climat. Ils plaident pour le renforcement de leur pouvoir, faire émerger de nouvelles sources de financement, notamment un accès direct aux financements issus du Fonds Vert pour le climat, mais également développer des partenariats en associant citoyens, entreprises et investisseurs.
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