Après quelques jours de silence, le parti de la lampe a officiellement réagi au discours royal, le 9 novembre. « Le PJD s’est félicité des orientations contenues dans le discours royal relatives à la formation du prochain gouvernement, qui devrait être responsable, sérieux et à la hauteur des défis de l’étape actuelle, et “non pas satisfaire les desiderata de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s’il était question de partager un butin électoral”», indique le communiqué du parti islamiste. Pour le PJD, les principes qui doivent régir la formation de la prochaine majorité sont « le respect de la volonté du peuple, les attentes des citoyens, la nomination royale, et ce sur la base d’une charte claire entre les composantes de la majorité et d’un programme gouvernemental ».
La réaction du parti de Benkirane intervient au moment où les tractations semblent encore floues, voire bloquées. Depuis le début des négociations, seuls le PPS et l’Istiqlal ont accepté de rejoindre le gouvernement. Le hic, c’est que leur « butin » étant insuffisant pour constituer une majorité numérique, les négociations doivent se poursuivre avec les autres partis.
Akhannouch, jamais sans mon cheval
Fraîchement élu à la tête du RNI, Aziz Akhannouch conditionne sa participation au gouvernement par l’éviction de l’Istiqlal, au profit de son allié l’Union constitutionnelle (UC). « Je tiens toujours à l’Istiqlal et au PPS et je ne crois pas que je vais changer d’avis, car je leur ai donné ma parole », tranche le chef de file du PJD, contacté par Telquel.ma. Qu’en est-il du Mouvement populaire, l’allié du parti de la lampe au gouvernement sortant ? Son secrétaire général pose une condition : aucune participation sans le RNI. Position qui ne semble pas plaire à Abdelilah Benkirane, qui tourne ainsi définitivement le dos au parti de l’épi. « Quoi qu’il arrive, il n’y aura plus aucune négociation avec Laenser » nous déclare une source proche du chef du gouvernement. Entre-temps, les négociations se poursuivent avec l’USFP, qui ne réunit sa commission administrative que samedi 12 novembre. Mais là encore, la décision ne sera pas facile à trancher, bien que le parti de la rose ait déjà donné son accord de principe pour participer au gouvernement. « Nous avons tenu une réunion le 7 octobre pour en parler mais aucune décision n’a été prise. Pour nous, le discours royal était un recadrage des négociations, et il faut qu’on en tienne compte. On ne cherche pas à participer au gouvernement, on cherche surtout l’offre programatique et l’organigramme du gouvernement. C’est la commission administrative qui tranchera » nous confie un membre du bureau politique de l’USFP.
Prêt à rendre le tablier ?
Bien que les relations soient tendues entre Akhannouch et Benkirane, les deux hommes devraient bientôt reprendre les tractations. « On s’attend à d’autres rounds. Les premières rencontres n’étaient qu’une prise de contact, il n’y avait pas de proposition, ni de stratégie claire » nous confie Mohammed Sajid, SG du parti du cheval, l’allié du RNI dans les négociations. « L’USFP a reporté la commission administrative à samedi pour donner une occasion au RNI de reprendre les négociations », lâche un proche de Benkirane, qui écarte l’hypothèse de l’éviction de l’Istiqlal. « Le Mouvement populaire sera le principal perdant dans l’affaire, puisqu’il ne pourra plus négocier », poursuit notre source.
« Si je n’arrive pas à former une majorité, je rendrai bien entendu les clés à Sa Majesté. C’est mon patron », lâche tout de go Benkirane, précisant que le roi ne lui a fixé aucun délai pour former une majorité, démentant l’information relayée par certains supports. « Les experts évoquaient l’éventualité d’un blocage, d’une crise politique ou d’un vide juridique, affirmant que Benkirane ne réussirait pas à former un gouvernement. Le discours royal a tranché : le gouvernement va être formé. Il s’agit d’un point positif pour le PJD », nuance Bilal Talidi, ex-directeur du journal Attajdid, proche du parti de la lampe. « Le RNI fera sans doute partie du gouvernement. Akhannouch, qui a démissionné de son parti en 2012 pour entrer comme indépendant au gouvernement, ne peut pas, maintenant qu’il est le chef du RNI, aller dans l’opposition », prophétise une source au fait des tractations. Une question demeure : le RNI seul ou main dans la main avec le parti de Sajid ? « C’est à Benkirane qu’appartient de négocier. En tout cas, l’Istiqlal doit rester », précise Bilal Talidi.
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