Royal Air Maroc est appelée par les plus hautes autorités du Maroc et du Sénégal à tendre la main à la compagnie aérienne sénégalaise en cours de création … une nouvelle fois. En effet, la visite de travail et d’amitié qu’effectue le roi Mohammed VI au Sénégal, et qui a apporté son lot d’accords et de conventions dans le secteur agricole, a permis également aux deux pays d’échanger à propos du secteur aérien. Un secteur qui ne rappelle pas de bons souvenirs aux deux pays car, rappelons-le, Royal Air Maroc s’était associé à l’État sénégalais dans Air Sénégal International au début des années 2000. Une expérience qui s’était soldée par un divorce douloureux en 2009.
La page semble tournée. Un communiqué conjoint du Maroc et du Sénégal, publié par le ministère des Affaires étrangères marocain, ce 8 novembre précise qu’il « a été convenu de poursuivre et d’accélérer les discussions en vue d’un partenariat entre la Royal Air Maroc et Air Sénégal S.A, au bénéfice des deux compagnies ». Des discussions qui ont été entamées depuis un certain temps. « Nous avions commencé à échanger sur l’étude du marché et du plan d’affaires qui est en cours », précise la ministre sénégalaise du Tourisme et des transports aériens, Maimouna Ndoye Seck, citée par MAP. Et d’ajouter : « Les instructions qui ont été données, c’est d’accélérer ces discussions en vue de finaliser un partenariat fécond entre les deux compagnies ».
Un partenariat d’assistance technique
Quelle forme prendra ce nouveau partenariat ? Le communiqué conjoint apporte un début de réponse. Il s’agit d’un « partenariat mutuellement bénéfique dans divers domaines opérationnels et techniques, notamment à travers la mise en place d’accords commerciaux ». Quid des liens capitalistiques ? Joint par téléphone, une source autorisée à la RAM précise à Telquel.ma que pour l’instant « il n’y a pas de discussions à propos de relations capitalistiques. Cela n’a pas été évoqué ». Et d’ajouter : « Nous sommes là pour faire de l’accompagnement et de l’assistance suite à la demande de nos gouvernements respectifs, de manière à accompagner le lancement d’Air Sénégal ».
En effet, le Sénégal tente depuis plusieurs années de lancer sa propre compagnie nationale. Cette nouvelle tentative du gouvernement sénégalais entre dans le cadre du projet phare du Plan Sénégal Emergent « Hub aérien sous régional », qui a pour ambition de faire de Dakar un hub aérien et de services de la sous-région.
Les deux gouvernements n’éludent pas le passé conflictuel et précisent dans le communiqué conjoint que « cette collaboration devrait être une nouvelle manifestation du modèle pionnier de coopération Sud-Sud entre le Maroc et le Sénégal. Elle devrait tenir compte des intérêts réciproques en capitalisant sur les expériences antérieures et en tirant les enseignements ».
Histoire d’un fiasco
Le communiqué fait référence à Air Sénégal International, une filiale commune entre Royal Air Maroc et l’État sénégalais. Cette (douloureuse) expérience remonte à 2001. La compagnie nationale marocaine partait alors à la rescousse du secteur aérien sénégalais. Commençait alors un partenariat où l’État sénégalais avait remis les clés de gestion à RAM qui, d’ailleurs, était majoritaire dans le capital de la compagnie aérienne sénégalaise. Les problèmes entre les deux actionnaires allaient éclater rapidement. Un article de l’Économiste, daté de 2007, faisait état d’un climat plombé entre les deux partenaires. « Ça redémarre bien, mais la situation reste encore fragile », expliquait Driss Benhima le patron de Royal Air Maroc à l’époque. Le quotidien explique que la crise de confiance, due en grande partie à l’ingérence de l’administration sénégalaise dans les affaires d’Air Sénégal International, semble effectivement dépassée car le Conseil d’administration reprend les choses en main. L’espoir de voir Air Sénégal International se ressaisir sera entièrement anéanti deux ans plus tard, car la situation a continué à se détériorer jusqu’au divorce annoncé en février 2009. À cette date, Royal Air Maroc annonçait son retrait au plus tard le 30 juin 2009 du capital d’Air Sénégal International. La compagnie marocaine espérait pouvoir négocier son départ avec l’État en lui cédant ses participations. Sauf que l’annonce faite par RAM a fortement déplu aux autorités sénégalaises. Résultat: Air Sénégal International a déposé le bilan le 24 avril de la même année avec plus de 60 milliards de Francs CFA de dettes cumulées (91,5 millions d’euros). L’affaire sera même portée devant les tribunaux par l’État du Sénégal. Ce dernier avait assigné en justice RAM pour pousser la compagnie à rester dans le capital.
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