Deux étapes, deux mémorandums d’entente signés. Mostafa Terrab, PDG du groupe OCP, ne reviendra pas bredouille de la tournée royale en Afrique de l’Est qui a mené le souverain, accompagné de sa délégation, au Rwanda, en Tanzanie, avant de se rendre les prochains jours en Éthiopie.
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En effet, le groupe OCP compte investir dans des unités de « blending » pour la production d’engrais adaptés au sol et aux cultures rwandaises. En Tanzanie, le leader mondial du phosphate a signé un mémorandum d’entente avec la compagnie étatique tanzanienne Tanzania Fertilizer Company. Il porte, selon nos informations, sur des contrats d’approvisionnement et de distribution. « Pour ce qui a été signé jusque-là, il n’y pas d’unité industrielle pour le moment », commente une source autorisée au sein de l’OCP.
L’étape éthiopienne apportera-t-elle son lot de projets industriels ? Tout porte à le croire puisque la presse éthiopienne évoque un éventuel projet d’usine de production d’engrais porté par OCP. C’est l’agence de presse éthiopienne qui avait, en avril 2016, rapporté la rencontre entre le patron de l’OCP Mostafa Terrab et le premier ministre éthiopien Hailemariam Dessalegn à Addis Ababa. Les discussions ont été principalement axées sur la fourniture d’engrais pour le marché éthiopien et la possibilité de l’installation d’une usine d’engrais au « toit de l’Afrique », sachant que OCP est partenaire de l’Agence agricole de transformation éthiopienne (ATA).
La croissance est africaine
Ces différentes signatures attestent de l’intérêt de l’Afrique dans la stratégie du groupe marocain, qui a créé en février 2016 une filiale spécialement adressée au continent : OCP Africa. Annoncée en grande pompe, ladite filiale qui a, depuis, hérité de toutes les activités africaines de OCP a pour objectif de concrétiser les ambitions du leader phosphatier sur le continent, de plus en plus importantes. Le pilotage de ce vaisseau amiral africain a été confié à Tarik Choho, le directeur général adjoint à l’OCP, en charge de la direction commerciale et de la stratégie. Dans une précédente déclaration à TelQuel, Choho avait confié que le focus sur l’Afrique est un enjeu impératif. « Si on veut faire la différence en Afrique, on doit s’occuper de tout nous-mêmes, d’où la création de OCP Africa, une entreprise qui va travailler différemment du reste du groupe », a-t-il révélé.
Cet impératif de marché se traduit par le quadruplement de la part de l’Afrique dans le chiffre d’affaires de l’OCP, qui est passé de 3 % à 12 %. Ce taux sera incontestablement revu à la hausse, eu égard à la stratégie offensive de l’OCP sur le continent. En juillet, le géant phosphatier a été autorisé à créer 14 filiales pays qui seront toutes sous la tutelle d’OCP Africa. Les pays concernés sont le Nigéria, l’Angola, l’Ethiopie, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Tanzanie, la RDC, la Zambie, le Zimbabwe, le Cameroun, le Sénégal, le Bénin et le Mozambique. « Les filiales ne sont pas toutes opérationnelles », confie une source autorisée à OCP. Et d’ajouter : « Nous n’avons été autorisé à créer les filiales qu’en juillet, les démarches sont donc toujours en cours».
Toutes ces filiales pays ont pour objectif de « capter la croissance prometteuse du marché africain, qui se caractérise par un taux élevé de terres arables disponibles et non cultivées (60 %) et une faible application des engrais » note le rapport relatif aux établissements et entreprises publics accompagnant le PLF 2017. Le document nous apprend également que OCP a un objectif de vente de 5 millions de tonnes d’engrais au cours des prochaines années, contre 1,1 million de tonnes en 2015. C’est la raison pour laquelle OCP a mis en service, début 2016, une unité industrielle dont l’entière production est dédiée au continent, Africa Fertilzer Complexe, située à Jorf Lasfar et dotée d’une capacité installée d’un million de tonnes. Le groupe marocain sera porté à augmenter ses capacités de production au Maroc et même dans les pays visées pour répondre à une demande plus en plus accrue, dans le sens où la consommation africaine en engrais est dix fois inférieure à la moyenne internationale.
Une présence intégrée
« La présence de l’OCP en Afrique n’est pas uniquement industrielle. Elle est axée sur toute la chaîne de valeur sur secteur agricole », précise une source autorisée au sein du groupe. Outre les axes de l’approvisionnement en engrais et la présence industrielle dans certains pays qui justifient la taille critique pour la mise en place d’une unité industrielle, OCP Africa intervient aussi sur les volets de l’agronomie et de l’accompagnement des petits agriculteurs. Le groupe marocain est partenaire des instituts agronomiques de plusieurs pays, notamment en Guinée, Ghana, Côte d’Ivoire et Éthiopie. Cette connaissance des sols africains permettra à OCP, in fine, de mettre en place des solutions de fertilisants adaptés et personnalisés. L’adaptation des produits est la clé de réussite dans un marché aussi vaste que l’Afrique. OCP propose, par exemple, des produits spécifiques aux cultures du maïs, du cacao et du coton, principalement adressés à l’Éthiopie au Kenya et à la Tanzanie. « Ces engrais sont essentiellement enrichis en souffre », précise notre source.
S’agissant des programmes d’accompagnement, OCP s’inspire de son expérience marocaine avec le plan Maroc Vert. « Nous ne déployons pas pour le moment toutes les initiatives réalisées au Maroc », explique notre source. Et d’ajouter : « Ce que nous faisons est à l’image de la caravane agricole. C’est essentiellement la caravane OCP en Afrique qui a sillonné, ces deux dernières années, trois pays à savoir la Côte d’Ivoire, le Mali et la Guinée ».
En plus de tout cela, OCP doit veiller à la structuration de la logistique et de la chaîne de valeur dans ces pays « pour une bonne agilité commerciale afin de réussir un positionnement irréversible sur le marché africain », précise le rapport relatif aux établissements et entreprises publics accompagnant le PLF 2017. Cette expansion africaine nécessitera incontestablement des montants d’investissement colossaux. Si aucune précision n’est donnée concernant l’investissement engagé pour le continent africain, l’on sait que le budget d’investissement global du groupe pour l’année 2017 est estimé à 17,3 milliards de dirhams.
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