A Taraudant, sept sièges sont à pourvoir dans deux circonscriptions à savoir Taroudant Nord (qui compte 3 sièges) et Taroudant Sud (où 4 sièges sont en jeu). C’est à Taroudant Nord où nous nous rendons pour partir à la rencontre de la tête de liste du PAM dans cette circonscription, Abdelatif Ouahbi. Taroudant Nord est unique en son genre puisqu’elle rassemble « 57 communes rurales » selon l’ancien chef du groupe parlementaire du PAM. Cette zone abrite de larges exploitations agricoles, parmi lesquelles plusieurs élevages bovins destinés à la production de lait, ainsi que deux fermes appartenant à Moulay Hicham.
Luttes de familles
Cette zone montagneuse se distingue aussi par le mauvais état de ses routes. A titre d’exemple, il nous aura fallu deux heures pour parcourir neuf kilomètres dans une zone où se mêlent route goudronnée et piste. « La presse aime parler de ‘circonscriptions de la mort’ mais ici la mort on la voit en face vu l’état de nos routes », commente notre hôte du jour. Pour le candidat PAMiste, faire campagne dans sa circonscription est « très difficile voire même impossible car les communes sont dispersées. On parle d’une zone dont la superficie est proche de celle d’un pays comme le Liban ».
Politiquement, la région était le théâtre d’un affrontement entre deux grandes familles. D’un côté les familles Bouhedhoud-Boudlal traditionellement affiliées au RNI et la famille Qayouh généralement acquise à l’Istiqlal. Un duel entre les deux familles qui s’est notamment reflété dans la composition des différents gouvernements formés durant la législature Benkirane. Lorsque l’Istiqlalien quitte sa fonction de ministre de l’Artisanat suite au départ de l’Isitqlal en 2013, c’est le RNIste Mamoun Bouhadhoud qui devient ministre délégué chargé des petites entreprises et de l’intégration du secteur informel. Sauf que depuis cinq ans, selon notre fin connaisseur, la « donne a été bouleversée » suite à l’irruption du PJD et du PAM dans le paysage politique. C’est dans le but de confirmer ce changement que Abdelatif Ouahbi se présente pour un deuxième mandat de parlementaire.
Pour cela, il devra notamment faire face au candidat de l’Istiqlal Ali Qayouh, père d’Abdessamad mais également de Zineb qui avait présenté sa démission en tant que député de la première chambre au mois de juillet dernier. Une démission que certains avaient qualifié de « tactique » à l’époque, supposant que l’élue tablait sur un amendement des lois électorales pour que les élues de la liste nationale des femmes, dont elle faisait partie, puissent se présenter une seconde fois. Finalement c’est au deuxième rang de la liste menée par son père, nonagénaire et que certains disent malade, que la représentante du parti de la balance se présente. Contactés par Telquel.ma pour un entretien, Abdessamad et Zineb Qayouh n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.
Rencontres à la ferme
Il est midi lorsque nous retrouvons le candidat du PAM dans une ferme détenue par son colistier Houcine Bourhim. Un nom familier pour les habitants de Taroudant puisque Bourhim avait été accusé de séquestration d’un enseignant pendant cinq ans dans une cave, avant finalement d’être innocenté par la justice. Son avocat n’était autre qu’Abdellatif Ouahbi, avec qui il avait promis « de faire campagne » une fois ses ennuis judiciaires passés.
Dans cette ferme, un groupe de plusieurs centaines de femmes issues des villages environnants de Tinzerte est rassemblé autour de Ouahbi, Bourhim mais aussi de Mohamed Cheikh Biadillah, ancien secrétaire général du PAM et actuel président de la Chambre des conseillers. Ouahbi revient sur certaines des réalisations accomplies depuis son élection en 2011 : « la mise en place d’égouts, ce qui est unique dans une commune rurale, ainsi que la création d’un collège ». Des réalisations que le candidat PAMiste attribue notamment à sa gestion des doléances des citoyens : « J’ai installé sept bureaux répartis dans ma circonscription. Dans chaque bureau, une personne est chargée de noter les doléances des citoyens qui me sont ensuite transmises à Rabat. J’ai utilisé mon indemnité parlementaire pour financer ces bureaux ».
Dans cet échange avec les représentants du parti du tracteur, les femmes ont désigné une personne chargée de transmettre leurs demandes qui sont la création d’un lycée, pour éviter l’abandon scolaire- surtout chez les filles- celle d’un internat et enfin une amélioration des infrastructures routières de la région. Le soir, c’est au tour des hommes d’interagir avec les représentants du PAM, partis partciper à leur meeting à Agadir dans l’après-midi. Les doléances sont similaires à celles des femmes et l’éducation, l’amélioration des infrastructures routières sont au cœur des débats. Les conversations se poursuivent jusqu’au cœur de la nuit devant des tentes aménagées à la belle étoile.
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