« Certains médias ont voulu installer un dualisme lors de ces élections. Sachez que les Marocains refuseront toujours que l’on décide à leur place », nous lance tout de go Salaheddine Mezouar, faisant remarquer à ses adversaires que seules les urnes auront le dernier mot. Combien de sièges pourrait-il remporter le 7 octobre ? Le président du parti de la colombe se refuse au jeu des pronostics, mais, pour lui, une chose est sûre : « Le Rassemblement national des indépendants (RNI) est en ordre de bataille pour réussir le rendez-vous électoral. Nous envisageons le meilleur aux prochaines élections. » Comment compte-t-il y parvenir ? D’abord en misant sur les bons chevaux : « Les candidates et candidats que nous présentons aux Marocains ont un sens de l’éthique, de l’intégrité et font preuve de dynamisme et d’enthousiasme pour servir les intérêts de leurs concitoyens », répond-il, sans se départir de sa langue de bois. Mais, pour appâter les électeurs, le patron du RNI a concocté, comme tout le monde, un programme truffé de promesses, qu’il a présenté à Casablanca le 15 septembre devant les médias et la fine fleur du parti. École, santé, emploi, jeunesse, solidarité, voici les axes autour desquels il gravite. « Nous avons également pris 25 engagements fermes et souhaitons les mettre en œuvre dans les 100 premiers jours du prochain mandat. Le RNI n’a plus à faire ses preuves », s’enorgueillit le ministre des Affaires étrangères. Si le PJD sort gagnant aux élections, Mezouar reconduirait-il l’alliance ? « En fonction des performances que nous réaliserons, nos instances décideront des alliances à engager ou pas pour gouverner. Le moment venu et au vu des résultats obtenus, chaque formation décidera du choix de ses partenaires », explique-t-il. D’ici là, les passes d’armes ne risquent pas de cesser.
Yes, we can !
Au moment où le Maroc peine à atteindre 1,5% de croissance, les libéraux du RNI voient plutôt grand, tablant sur une moyenne de 4,5 à 5,5%. Le tout avec une croissance non agricole de 8%. Et il soutient mordicus que l’objectif peut être atteint. « Pour passer à un nouveau palier de croissance (entre 4,5 et 5,5%), il nous faudra relancer les investissements et allumer les nouveaux moteurs de croissance que sont les régions », précise le chef de file du parti de la colombe. Quant à la croissance non agricole, « le taux était supérieur à 5% jusqu’en 2011. Il a amorcé une chute à partir de 2012 et n’a commencé à remonter légèrement que depuis 2014. » D’ailleurs, parmi les 25 engagements du RNI figure une myriade de promesses destinées aux entreprises : exonération de la TVA sur les investissements de création et d’extension, réduction de 50% des charges sociales pour les salaires inférieurs à 3000 dirhams, la multiplication des zones franches et l’automatisation des procédures. Autre engagement, qui ne figure pas dans le programme, la poursuite de la réforme de la Caisse de compensation. Mezouar en revendiquerait presque la paternité. « Certes, la décompensation a été réalisée sous l’autorité du Chef du gouvernement, mais dans sa conception et sa mise en œuvre, il y a eu une participation remarquable et déterminante de notre ministre RNI, Mohamed Boussaïd, qui a mis son talent et ses compétences au service d’une réforme capitale pour l’avenir économique du pays », rappelle l’ancien ministre des Finances sous Abbas El Fassi. Ainsi, si le RNI « se retrouve en charge des affaires gouvernementales », la décompensation poursuivra son bonhomme de chemin, « tout en enrichissant notre système de filets sociaux et en améliorant le ciblage de nos dépenses sociales pour préserver les populations les plus vulnérables », promet-il.
Un job pour tous
Le taux de chômage culmine à près de 10%. Le RNI promet de le ramener au seuil tolérable de 8%. Première mesure : « Axer les stratégies sectorielles impulsées par l’État sur la création d’emploi ». Le parti de la colombe souhaite aussi dénicher des emplois dans l’artisanat et la culture, mettre à profit le statut d’autoentrepreneur, intégrer l’informel, encourager de nouveaux moyens de financements (comme le crowdfunding, précise-t-on), former aux métiers de l’agriculture et de l’écotourisme… Plutôt vague. Passons à l’autre axe, l’école. En quelques chiffres, cela donne : allocations sociales fixées à 400 dirhams par mois pour les familles dont le
revenu est inférieur à 1500 dirhams (un peu moins de la moitié du SMIG), ouverture de 500 lycées durant le prochain quinquennat, aides au logement destinées aux étudiants (500 dirhams), généralisation de la scolarisation à 100%. Une éventuelle hausse du budget du ministère de l’Éducation ? « La hausse du budget est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant pour améliorer notre système éducatif. Nous proposons d’accélérer la mise en œuvre de la réforme de l’éducation nationale, qui est l’objet aujourd’hui d’un consensus national », se contente-t-il de répondre, insistant sur l’implication des directeurs d’établissement et même des parents. Il promet en revanche d’augmenter de 7% le budget de la santé.
« La société n’est pas prête »
Que promet le programme du parti de la colombe au sujet des libertés individuelles ? Rien. « Je suis moi-même issu des mouvements progressistes, au sein desquels j’ai milité durant mes années estudiantines, et je continue à mener, aux côtés des militants des droits humains, des combats pour le progrès », dit Mezouar. Mais encore ? « Les lois obéissent au caractère évolutif de la société et dont le débat public reste le vecteur principal », poursuit-il, appelant au passage à l’ouverture « d’un débat profond (…) autour de la réforme du Code pénal ». Le tout en conciliant « patrimoine culturel et aspirations légitimes vers plus de liberté et d’émancipation. » Côté droits des femmes, le programme du parti ne formule pas plus de deux propositions : l’application stricte des lois incriminant le harcèlement sexuel et l’intégration des femmes dans les listes des ayants droit concernant les terres collectives. Les électrices seront ravies.
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