La cave de cet immeuble du quartier Rwidate à Marrakech accueille les locaux d’une des écoles coraniques du célèbre cheikh salafiste Mohamed Maghraoui qui vient de rouvrir ses portes depuis le 26 septembre. Après trois ans de fermeture, les « frères » s’activent pour remettre de l’ordre, dépoussiérant l’endroit. A l’entrée de la cave, des annonces pour l’inscription dans les cours d’analphabétisme pour femmes et pour l’apprentissage du coran ont été collées.
Nous sommes accueillis par Mohamed Ait Motaii, le président de « Assafwa pour la protection du touriste et la défense des droits des commerçants et des artisans », une des cinquante associations formant la « coalition des associations de la société civile en faveur de l’ouverture des écoles coraniques ». Ce dernier nous explique avoir reçu un appel de haut lieu, l’autorisant à ouvrir les portes de l’école. « On m’a expliqué que la requête que nous avons envoyée au moment de la fermeture a été acceptée et nous avons été autorisés à rouvrir les écoles », nous assure-t-il. Il n’en fallait pas plus à Ait Motaii pour qu’il se déplace, lui et ses frères à la cave abritant l’école coranique et d’ouvrir les cadenas qui condamnaient l’entrée. Le responsable associatif explique que les autorités étaient présentes mais « personne ne nous a empêchés d’ouvrir l’école ».
Les disciples de Maghraoui étant très influents dans la ville ocre, cette réouverture surprise dans un contexte électoral pose plusieurs interrogations. Certains médias ont même avancé que l’association, dont le leader avait appelé à voter pour le PJD en 2011, favoriserait cette fois un vote pour son adversaire, le PAM. Une information vite démentie par Mohamed Maghraoui pour qui « ce sont des associations de la société civile qui ont ouvert » l’établissement, selon une déclaration accordée à Hespress. Le seul hic est que la réouverture ne peut s’opérer en principe que sur décision de justice et non par des associations, dans la mesure où la fermeture a été ordonnée par la délégation des Habous. Le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, dont Mohamed Magharaoui est proche, a d’ailleurs publié un statut sur Facebook dans lequel il explique qu’il n’était pas au courant de la décision.
« Le PJD nous a laissés tomber »
« L’association est loin de la politique, mais ce qui est sûr, c’est que le PJD nous a trahis », se contente de nous répondre Aït Motaii. Un revers pour le PJD qui n’avait pas empêché la fermeture des maisons du coran, décision prise alors par la délégation du ministère des Habous et des affaires islamiques, qui reprochait à ces écoles d’enseigner le coran selon plusieurs versions, et non une seule, celle de Warch, adoptée au royaume.
Hammad Kabbaj, ancien secrétaire général de l’association de la prédication pour le coran et la sunna désormais en froid avec Maghraoui, estime que « les salafistes ne sont pas d’accords sur qui voter. Mais ce qui est sûr, c’est que si il y a un appel à voter pour le PAM, les bases ne suivront pas » estime Kabbaj, qui devait se présenter sous les couleurs du PJD avant de voir sa candidature invalidée.
Ait Motaii nous raconte pour sa part que Maghraoui n’a pas d’hostilité particulière envers le PAM. A la fin de son mandat de maire de Marrakech en 2015, Fatima Zahra Mansouri a invité Cheikh Maghraoui chez elle, nous explique-t-il. Un rendez-vous où le cheikh Maghraoui va faire également la rencontre de Mustapha Bakkoury qui va lui parler du salafisme national. A la fin de la rencontre, l’ancien secrétaire général du PAM va offrir au Cheikh un coran. Si cet épisode est banal, il montre toutefois les relations cordiales entre le PAM et Mohamed Maghraoui. Pour le moment, ce dernier n’a pas publiquement donné de consigne de vote, se contentant d’appeler ses disciples à voter pour « le meilleur ».
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