En Jordanie, les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures locales (4 heures GMT) et devraient fermer à 16 heures GMT. Près de 4,1 millions d’électeurs, sur une population de 6,6 millions d’habitants étaient appelés à départager 1 252 candidats pour 130 sièges.
L’affluence était faible en début de matinée dans la capitale. « Je vote depuis des dizaines d’années, j’espère que cette fois-ci (le résultat) sera différent », a affirmé à l’AFP Abdessalam Abou al-Haj, 75 ans, qui s’est rendu dans un bureau de vote à Telaa al-Ali, dans le nord-est d’Amman. Les analystes ne prévoient pas de grands changements dans le futur Parlement qui jouit de pouvoirs limités. La majorité devrait rester occupée par des hommes d’affaires et des responsables de tribus loyaux à la monarchie.
Les seuls inconnus de ce scrutin sont le taux de participation et le score que réalisera la coalition formée par le Front de l’action islamique (FAI), vitrine politique des Frères musulmans. Selon des experts, celle-ci pourrait remporter environ 20 sièges et devenir ainsi la première force politique d’opposition du Parlement.
L’abstention s’annonce élevée : 42% des électeurs éligibles ne prévoient pas de se rendre aux urnes, selon un sondage du centre Phenix des études économiques et informatiques.
Lundi, l’agence officielle Petra a relayé des avis religieux de Dar al-Ifta, la plus haute autorité religieuse du pays, dans lesquels elle presse les Jordaniens d’aller voter, qualifiant le scrutin de « devoir » national et religieux. Elle a aussi mis en garde contre les fraudes et surtout l’achat des voix, une pratique répandue lors des derniers scrutins.
Le président de la commission électorale, Khaled al-Kalalda, a tenté de son côté de rassurer les électeurs affirmant que les élections se dérouleront conformément « aux normes internationales ». Le scrutin sera supervisé par 14 000 observateurs locaux et 676 internationaux, dont 66 observateurs annoncés par l’Union européenne.
Les islamistes avaient boudé les élections en 2010 et 2013 pour dénoncer des scrutins entachés d’irrégularités et une loi électorale favorisant le vote tribal favorable au régime. Ils dénoncent aussi le découpage des circonscriptions électorales, jugé injuste et exigent l’instauration d’un système parlementaire dans lequel le Premier ministre serait issu de la majorité du Parlement, et non plus nommé par le roi. Affaiblis par des divisions internes et une répression des autorités, les islamistes avaient annoncé en juin qu’ils participeraient aux législatives après un amendement de la loi électorale longtemps critiquée par l’opposition.
Les autorités affirment avoir entamé des réformes pour « consolider la démocratie » dans le royaume, amendant récemment la loi électorale pour permettre notamment aux partis politiques de présenter des listes, rompant ainsi avec le système controversé de « voix unique » qui avantageait les candidats des tribus, acquis au pouvoir.
Malgré des réformes jugées insuffisantes par les islamistes, ces derniers ont décidé de participer au scrutin pour retrouver leur « légitimité » et améliorer leur rapport avec le pouvoir, selon des analystes.
Le scrutin se déroule dans un contexte délicat pour le royaume, dont l’économie a été sévèrement touchée par les conflits qui font rage dans les pays voisins, en Irak et en Syrie, et l’accueil de centaines de milliers de réfugiés qui pèsent lourdement sur les finances du royaume.
Officiellement, le chômage touche environ 14% de la population mais certaines estimations indépendantes font état de 22 à 30% de chômeurs au sein d’une population où 70% des personnes ont moins de 30 ans.
Membre actif de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui combat le groupe jihadiste Etat islamique (EI), la Jordanie craint depuis plusieurs années une contagion de la menace jihadiste sur son territoire.
Le royaume a été le théâtre cet été de deux attentats, l’un contre les services des Renseignements (5 morts) et l’autre, revendiqué par l’EI contre les gardes-frontières (7 morts).
Pour assurer la sécurité du scrutin, le ministère de l’Intérieur a annoncé le déploiement de 50.000 policiers autour des bureaux.
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