Plusieurs jours après la diffusion d’une vidéo montrant un avion de la RAM en train de rater son décollage à Frankfurt, en Allemagne, la polémique ne désenfle pas. Jeudi 25 août, dans un communiqué rendu public, la RAM a tenu à rassurer les plus sceptiques, en expliquant que lors du décollage, « la tour de contrôle de l’aéroport a signalé au commandant de bord une suspicion de turbulence de sillage suite à l’atterrissage simultané d’un avion de type A330 sur une piste sécante. » Et d’ajouter que le commandant de bord a dû effectuer une manœuvre pour accélérer afin d’obtenir la vitesse permettant de décoller en toute sécurité.
Si la compagnie nationale se veut rassurante, certains experts doutent néanmoins de la justification de la RAM et estiment, au contraire, qu’il y a eu là une erreur évidente.
Selon Jean-Pierre Otelli, pilote professionnel et ex-leader de la patrouille Marche Verte des Forces Royales Air, une phase de décollage se compose de plusieurs étapes, toutes ponctuées par une vitesse précise : la V1, une vitesse au dessous de laquelle le pilote peut encore arrêter l’avion en cas de problème. La VR, à laquelle le pilote effectue sa rotation, qui permet de relever le nez de l’appareil pour augmenter l’angle d’incidence et la portance de l’appareil. Ensuite, la V2, à partir de laquelle le pilote peut décoller en toute sécurité.
Selon ce professionnel, il s’agit bien d’une erreur due à plusieurs facteurs potentiels. « Pour une raison ou une autre, le commandant tire trop tôt. La poussée me semble bonne car il redécolle sans problème, mais il peut y avoir une mauvaise estimation du poids de l’appareil, de choix et du calcul de la vitesse ou même de la température. » Pour Jean-Pierre Otelli, il s’agit ici « d’une bêtise qui a été bien rattrapée.» « La réaction a été bonne, en revanche, la justification de la RAM pour expliquer ces images me semble un peu poussée », conclut-il.
De son côté, l’auteur de la vidéo, le jeune pilote en formation William Jones, explique en description des images qu’il « n’y a pas assez de portance générée pour l’ensemble de l’appareil pour décoller. » Selon ce dernier, l’appareil s’est élevé avant d’atteindre la vitesse VR, ce qui présenterait un risque.
William Jones conclut sa description en déclarant « De notre temps, des erreurs comme celles-ci ne devraient pas avoir lieu dans l’aviation civile. » Si les images sont impressionnantes, cette péripétie n’a, cependant, causé aucun dégât matériel et humain. Contactée, la RAM a maintenu ses explications énoncées dans le communiqué officiel du jeudi 25 août.
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