Le décret est passé inaperçu le 30 juin dernier à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil du gouvernement. Déposé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le décret 644-15-2 prévoit, entre autres, la création de 11 écoles polytechniques au Maroc à travers le regroupement des écoles nationales des sciences appliquées (ENSA) avec les Ecoles supérieures de technologies (EST, qui livre un diplôme DUT Bac+2) et les facultés des sciences et techniques (FST).
Après un concours écrit et oral, l’ENSA offre aux étudiants un cursus d’ingénieur d’Etat de 5 ans de formation. La FST est une faculté qui délivre les mêmes diplômes que les autres facultés du royaume (licence, master, doctorat) dans les domaines scientifiques et techniques sachant que les étudiants y sont admis après étude de leur dossier et donc par sélection. L’EST, quant à elle, est une école qui offre une formation de technicien spécialité et délivre un diplôme d’études universitaire (DUT) niveau bac +2. Le tout après un concours écrit et oral. Les filières dans l’EST sont diverses et vont des études scientifiques et techniques aux études économiques de management ou commerce. Le décret adopté par le gouvernement vise à fusionner l’ENSA, la FST et l’EST dans une seule école qui s’appellerait l’école polytechnique. Le décret ne fixe pas par contre comment cette fusion sera faite.
Les étudiants de l’ENSA s’estiment lésés par ce décret. Les associations des étudiants des 11 ENSA du royaume se sont ainsi regroupées au sein d’une commission nationale des étudiants de l’ENSA (CNENSA) afin de contester ce texte. « Ce décret qui va changer l’organisation de nos écoles a été pris sans concertation avec nous [les étudiants, ndlr] ni avec le corps professoral ni aucun des concernés », nous explique Mohamed Chiboub, porte-parole de la CNENSA.
Les représentants des étudiants ne reprochent pas seulement au décret le manque d’approche participative. Ils s’estiment lésés car « on a réussi un concours d’accès à une école d’ingénieur, on ne peut pas effacer 18 ans de l’histoire de l’ENSA comme ça d’un trait de plume. Il faut que l’identité de l’ENSA soit préservée ». Contactés par Telquel.ma, les responsables du ministère dirigé par Lahcen Daoudi n’ont pu être joints dans l’immédiat.
Pour le moment, Chiboub nous confie que la CNENSA privilégie le dialogue, promis par le ministère durant la semaine prochaine. « Nous n’excluons pas de le fait d’avoir recours à d’autres actions si les négociations n’aboutissent pas», conclue le porte parole de CNENSA. D’ici là, la rentrée scolaire, pour laquelle le décret sera appliqué, s’approche rapidement.
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