Pour qui roule Aziz Rabbah, ministre du Transport et de l'Equipement?

Le torchon brûle-t-il entre Aziz Rabbah et Abdelilah Bekirane? Que cherche l'ambitieux ministre pjdiste, et qu'est-ce qui le fait bouger? Analyse.

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Aziz Rebbah. Crédit : Tniouni

Lors du meeting de la jeunesse du PJD tenu le 24 juillet, le secrétaire général de la formation islamiste Abdelilah Benkirane a recadré son ministre des transports Aziz Rebbah en lui indiquant d' »attendre son tour » après que ce dernier s’était rendu à la MedCop organisée par le secrétaire général du PAM Ilyas El Omari.

Cette sortie, abondamment commentée par la presse, a montré au grand jour les divergences entre le jeune loup du PJD et Benkirane. Ce que réfute le principal concerné, Aziz Rabbah. « Ceux qui veulent qu’il y ait un conflit au sein du PJD vont voir ce rêve se transformer en cauchemar », a-t-il déclaré, le 27 juillet lors du meeting national de la jeunesse du PJD, cité par Al Massae. Et d’ajouter qu’il a passé « plus de 30 ans au sein des mouvements islamistes » et qu’il n’a « jamais changé de position » remerciant au passage Benkirane « d’avoir sorti le travail islamiste de l’ombre pour l’intégrer dans les institutions de l’Etat.» 

Pourtant, de veritables divergences de vues  existent entre les deux personnages. D’ailleurs ce n’est pas la première fois que Benkirane rappelle à l’ordre le ministre des Transports. Le 3 juin déjà, Rabbah avait défendu, sur sa page facebook, le conseiller du roi Fouad Ali El Himma, en affirmant  « qu’il y a ceux qui détestent le modèle marocain et souhaitent créer des tensions entre l’Etat et le peuple pour clore la parenthèse démocratique qui a ouvert l’espoir aux Marocains » ,  suite aux propos de l’historien Maâti Mounjib qui avait affirmé dans une interview à Akhbar Al Yaoum que ce dernier « représente pour le peuple le gant du pouvoir et que Benkirane représente l’orgueil populaire.» Une réaction qui a provoqué l’ire du secrétariat général du PJD qui s’est interrogé sur  » ce qui se cache derrière cette sortie », rappelant Rabbah à l’ordre.

Rebbah futur secrétaire général du PJD ?

Rabbah lorgne-t-il la place du chef Benkirane ?  » Ce ne sont que des spéculations. Rebbah a toujours montré sa solidarité et son dévouement à son parti », nous confie Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD. Et d’ajouter que «les conflits sont normaux entre politiques (…) ce n’est pas la première fois qu’il y a une tension entre membres du PJD ». Sur la réaction de Rabbah vis-à-vis d’El Himma, Hamieddine reconnait tout de même que c’est une « faute politique qui aurait pu être évitée« , sans plus de commentaires.

Toutefois, une autre source du PJD, qui préfère parler en off,  nous affirme que Rabbah  » a toujours été une personne qui cache son jeu et qui n’a jamais exprimé clairement ses positions ». Et de poursuivre  » depuis 1989, Rabbah a fait l’objet de plusieurs recadrages de la part de ses aînés dans le parti. Il y a eu des positions du PJD où il a préféré opter pour le silence « , nous confie notre source.  Et en veut pour exemple :« quand le PAM a été créé, il y a eu des divergences entre Saad Eddine El Othmani et Abdelilah Benkirane sur l’éventualité de pouvoir s’allier avec le PAM ou pas. Rabbah est resté silencieux et c’est là que Benkirane lui a demandé de clarifier ses positions », poursuit-il.

Un autre exemple que relève notre source concernait l’éventualité pour le PJD de rejoindre le gouvernement de l’alternance : « Quand il y a eu des discussions au sein de notre parti au début des années 2000 sur le gouvernement de l’alternance, Rabbah est resté également muet et Benkirane  lui a demandé encore une fois d’être clair». 

 » Approché par certaines parties du tahakoum pour affaiblir Benkirane « 

Le manque de clarté reproché à Aziz Rabbah  par une partie des militants s’est accentué à l’occasion du sixième congrès du PJD en 2007 quand Benkirane a été élu comme secrétaire général et que Rabbah est arrivé troisième. « En arrivant à la troisième position, Rebbah a commencé à rêver au poste de secrétaire général du parti. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la phrase de Benkirane qui lui a dit d’attendre son tour », explique notre source. Une interprétation soutenue par le conseiller en communication de Rabbah, Mustapha Baba.  » Les propos de Benkirane sur Rabbah ont été mal interprétés.  Si le secrétaire général du PJD a dit à Rabbah d’attendre son tour, c’est pour lui signifier qu’il y a encore l’ancienne génération (Benkirane, Ramid, El Otmani…) qui sont encore aux rênes du PJD et qu’il lui faut attendre pour qu’il puisse un jour devenir ou pas secrétaire général du parti « , nous explique Baba.

Selon un responsable PJD qui a requis l’anonymat  » Aziz Rabbah a été approché par certaines parties du tahakoum pour qu’une alliance entre le PAM et le PJD soit possible et pour que Benkirane soit évincé avant les élections. Sauf que cela n’a pas abouti « . Notre source ne précise toutefois pas ce qu’elle entend par tahakoum. Une thèse qui est réfutée par le conseiller en communication de Rabbah  qui insiste que ce dernier « est et restera toujours fidèle à son parti et à son chef et qu’il soutient la même thèse du PJD contre le tahakoum. » 

Malgré nos multiples appels téléphoniques, Aziz Rabbah n’a pas souhaité nous répondre.

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