Mohammed VI a commencé par rappeler son rôle et sa mission auprès des Marocains, à savoir « de veiller au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions et à la protection du choix démocratique ». Et de poursuivre: « Je ne participe à aucune élection et n’adhère à aucun parti. Car Moi, Je suis le Roi de tous les Marocains, candidats, électeurs et aussi ceux qui ne votent pas ». À ceux qui soupçonneraient une préférence du palais pour un parti, Mohammed VI répond : « Je suis également le Roi de toutes les formations politiques, sans discrimination ou exclusion. Comme Je l’ai affirmé dans un précédent discours, le seul parti auquel Je suis fier d’appartenir, c’est le Maroc ». À la veille des élections, le roi dit en substance qu’il ne donne pas de consigne de vote et par conséquent il n’invite pas les Marocains à voter pour le PAM — que ses opposants disent proche du palais — au détriment du PJD qui, lui, dénonce les liens entre le PAM et l’administration.
Mohammed VI prévient tous les politiques qu’ils « doivent, donc, se garder de l’instrumentaliser [le roi, ndlr] dans quelque lutte électorale ou partisane que ce soit ». Une phrase qui fait écho au rappel à l’ordre fait à Benkirane par « des proches du palais » dans certains supports de presse. Après un rappel des devoirs des hommes politiques vis-à-vis à des citoyens, Mohammed VI se dit étonné en voyant « certains se livrer, dans leur quête des voix et de la sympathie des électeurs, à des pratiques qui sont contraires aux principes et à l’éthique de l’action politique, proférer des déclarations et utiliser des termes préjudiciables à la réputation du pays et attentatoires à l’inviolabilité et à la crédibilité des institutions ». Mohammed VI dénonce ainsi la rhétorique anti-tahakkoum chère au PJD.
L’allusion aux récentes tensions avec Abdelillah Benkirane est donc à peine masquée. Pour rappel, lors du scandale des terrains des domaines privés de l’État , les ministères de l’Intérieur et des Finances avaient insinué que ces révélations s’inscrivaient dans un règlement de comptes orchestré par le PJD à la veille des élections. Le roi, sans faire allusion directe à cette affaire, ne dit pas autre chose: « Dès que la date des élections approche, on assiste à une frénésie quasi-résurrectionnelle où règne le chacun pour soi, et où personne ne connaît plus personne. Tous, gouvernement et partis, électeurs et candidats, perdent la tête et sombrent dans un chaos et dans des luttes qui n’ont rien à voir avec la liberté de choix incarnée par le vote ». À Benkirane et aux autres politiques, Mohammed VI demande : « Assez de surenchère patriotique dans des règlements de compte personnels ou la quête d’intérêts partisans étriqués ! »
Enfin, le roi rappelle à Benkirane que lui aussi a des comptes à rendre à la nation au même titre que l’administration, que le chef du gouvernement assimile à « l’État profond ». « Notre conception de l’autorité est une doctrine de pouvoir qui, contrairement à ce que pensent certains, ne se limite pas uniquement aux walis, aux gouverneurs et à l’Administration territoriale. Elle concerne aussi quiconque détient un pouvoir, qu’il soit un élu ou qu’il exerce une responsabilité publique, quelle qu’elle soit », explique le roi.
La lutte contre la corruption n’est pas l’apanage du PJD
La lutte contre la corruption ne doit faire l’objet de surenchères, selon le roi, qui s’attaque donc à l’argument de campagne traditionnel du PJD. « Personne ne doit s’aviser de chercher par ses propres moyens à éliminer la corruption ou à redresser les travers, hors du cadre de la loi » a-t-il précisé.
Le monarque a également affirmé que « la corruption n’est pas une fatalité » et « pas plus qu’elle n’a fait partie un jour du caractère des Marocains » avant de renchérir que « la notion de corruption a tellement été galvaudée et quasiment normalisée dans la société. »
Par ailleurs, le roi Mohammed VI a expliqué que « la lutte contre la corruption est l’affaire de l’État et de la société », l’État avec ses institutions, à travers « la criminalisation de toutes ses manifestations et la répression sévère des prévaricateurs », et la société qui doit « réprouver » la corruption selon lui, « en dénonçant ses auteurs et en inculquant le devoir de s’en démarquer ».
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