L’information est relayée par plusieurs médias, notamment un site proche du PJD, Alraiy, et par la suite par le site du PJD. Puis, le portail indépendant Lakome2 dévoile des documents, et l’affaire prend de l’ampleur le samedi 23 juillet, avec la publication par le député socialiste Mehdi Mezouari sur son compte Facebook d’un document notarié dans lequel figure le nom du Wali de la région de Rabat, Abdelouafi Laftit. Mezouari, sur la base de ce document, accuse le Wali d’avoir acquis un lot de terrain situé au quartier huppé de la route de Zaër à Rabat et appartenant au domaine privé de l’État pour la modique somme de 350 dirhams le m².
Le terrain en question, d’une superficie de plus de 3 700m2, aurait été acheté par le Wali, également gouverneur de Rabat, en son nom propre comme le montre le document émanant d’une notaire basée à Témara. Autre détail qui a son importance : le gouverneur aurait, selon les documents, fait l’acquisition du lot de terrain en janvier 2016. Donc cet achat a été opéré dans le cadre de l’exercice de ses fonctions de Wali.
Un achat en règle selon l’Intérieur
Ces allégations se sont répandues comme une traînée de poudre sur les sites d’actualité et les réseaux sociaux. La réaction du ministère de l’Intérieur n’a pas tardé. Dans un communiqué publié le 24 juillet et co-signé avec le ministère de l’Économie défendant la légalité de l’opération, le département de Mohamed Hassad apporte des clarifications. Il s’agirait d’un « lotissement réservé aux fonctionnaires de l’État depuis l’ère Hassan II », précise le communiqué. Le prix des lots de terrain est défini par un décret du premier ministre, datant du 26 décembre 1995, ajoute la même source.
Le communiqué fait part de son étonnement quant à ceux qui ont « adhéré à cette campagne contre le Wali », précisant qu’il s’agirait « d’un parti, avec ses médias qui lui sont proches, qui aurait pu demander la réforme de ce décret, au lieu de diffamer un haut fonctionnaire connu pour sa compétence et qui se dévoue à l’intérêt général, sachant qu’un décret ne peut être changé qu’avec un autre, conformément aux règles juridiques ». Une manière à peine voilée destinée à pointer du doigt le chef du gouvernement, le seul à même d’abroger un décret en publiant un autre.
La conclusion du communiqué finit en ces termes: « il devient clair, si besoin est, qu’il s’agit d’une campagne électorale prématurée visant à engranger des gains électoralistes étriqués sous prétexte de mettre en œuvre les règles de bonne gouvernance et éviter l’incompatibilité entre intérêts personnels et responsabilités publiques ». Le communiqué vise-t-il l’USFP, auquel Mehdi Mezouari appartient, ou une autre formation politique, le PJD en tête ? Un communiqué du secrétaire général du parti de la lampe donne un indice. Publié juste après le communiqué conjoint, il est adressé aux militants du parti. Abdelilah Benkirane aurait demandé de « s’abstenir de commenter le communiqué des ministères de l’Intérieur et de l’Économie ». Cela sonne comme une tentative de calmer les choses entre les membres du PJD et les ministres de l’Intérieur et de l’Économie.
Selon Mehdi Mezouari, le dossier est bien loin d’être clos. « La décision a déjà été prise concernant le fait de poser une question publique au chef du gouvernement lors de la prochaine séance », nous affirme-t-il. Une initiative qui ne risque pas d’aboutir selon le député socialiste. « Souvent, ce genre de questions sont ignorées au Parlement, notamment lorsqu’il s’agit de détournements de fonds ». Solution ? Le parlementaire veut aller plus loin et adresser une lettre au premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, pour le solliciter de réagir à propos de cette affaire. Aussitôt l’affaire éclatée, d’autres députés suivent. À commencer par Adil Benhamza de l’Istiqlal, qui annonce sa volonté de poser une question au Parlement. Mohammed Yatim a annoncé que le parti de la lampe compte lui aussi adresser une question aux ministres de l’Intérieur et de l’Économie. Jusqu’où cette affaire va-t-elle aller ?
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