Le Conseil de gouvernement, réuni le 21 juillet à Rabat sous la présidence d’Abdelilah Benkirane, a nommé Amane Fethallah directrice de la Marine marchande. L’intérim du poste était assuré par Hamid Chawki, depuis que l’ancien directeur, Mohamed Reda Chakkor avait été limogé fin juin.
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Amane Fethallah tranche, de par son parcours académique, avec son prédécesseur de formation technique. Elle était, depuis novembre 2013, la directrice de l’Institut supérieur d’études maritimes (ISEM) de Casablanca.
« J’enseigne à l’ISEM depuis 35 ans, et Madame Fethallah fait partie des rares directeurs qui ont tiré l’Institut vers le haut et lui ont permis de ne pas sombrer », témoigne la juriste Naima Boukhalef. Joint par Telquel.ma, Amane Fethallah nous confirme que la formation est son « hobby ». Titulaire d’une maîtrise en géologie marine et d’un doctorat de l’Université de Bretagne occidentale (UBO) avec une thèse sur l’aménagement du littoral de Rabat-Salé, elle a dirigé le pôle formation continue de l’Université internationale de Rabat (UIR) qu’elle a participé à créer. Auparavant, elle a travaillé pour la Marine nationale française pendant 20 ans à Brest, surtout en tant que chargée de la formation des ingénieurs-Officiers des « Marines amies de la France », notamment saoudienne. Alors que l’appel à candidatures pour un directeur de la Marine marchande en janvier 2015 requerrait un profil d’ingénieur expert en sécurité maritime, la nomination — officieuse depuis une dizaine de jours d’après des sources proches du dossier – d’une spécialiste de l’aménagement du territoire et de la formation maritime peut surprendre. « C’est du management. On peut muter un directeur d’un poste à l’autre » répond le ministre de l’Équipement, Aziz Rebbah. « Aucun ministre ne vous dira pourquoi il choisit une personne plutôt qu’une autre. Madame Fethallah a réussi le challenge de l’ISEM, elle réussira le challenge de la Marine marchande » poursuit-il.
L’été sera chaud
Mais c’est surtout la manière d’Amane Fethallah d’aborder les dossiers brûlants qui va changer à la Marine marchande. Notamment, celle des sociétés de classification. « C’est la souveraineté du pays de garder l’inspection des bateaux sous la houlette de la Direction de la Marine marchande » affirme-t-elle. Son prédécesseur avait justement été licencié parce que — dans le cadre de l’immatriculation du ferry Diagoras de la nouvelle compagnie Africa Morocco Link (AML) — il avait choisi, contre l’avis du ministre de l’Équipement, d’attendre le résultat de l’audit d’une société de classification sur la sécurité. Pourtant, l’un des vingt axes de la stratégie nationale pour le transport maritime et le pavillon national adoptée fin mars par le ministère prévoit de « déléguer le maximum de prérogatives liées au contrôle par l’État du Pavillon des navires opérant à l’international aux organismes reconnus » « Il faut une position flexible là dessus, pour faciliter l’investissement des armateurs. Il ne faut pas une solution tranchée d’un côté ou d’un autre » tempère Mme Fethallah.
« Il y a beaucoup de problèmes à régler mais, dans le cadre de la stratégie nationale pour le développement du secteur, on sait où on va » poursuit-elle. Dans ce cadre, elle espère que le projet de l’AML permettra de « recaser progressivement les gens de mer ». Ce que ne prévoit pas expressément la stratégie, c’est la localisation du siège de la direction de la Marine marchande. Parce que les anciens locaux sur le port de Casablanca se trouvaient sur un terrain adjugé au projet Wessal, Mohamed Reda Chakkor avait entamé un déménagement des bureaux vers Rabat, suscitant la désapprobation d’une partie des équipes. « Je n’ai pas encore eu de réunion avec le ministre de l’Équipement, mais si c’est faisable matériellement, ma première action sera de remettre les bureaux à Casablanca », tranche Mme Fethallah. Alors que beaucoup la voient déjà prendre la succession de Nadia Laraki à la direction de l’Agence nationale des ports (ANP), au départ en retraite de cette dernière, Amane Fethallah assure qu’elle marche « step by step » (pas à pas). « Je prévois la réussite de la mission en premier lieu. À l’ISEM, je n’avais pas prévu d’aller à la Marine marchande », confie-t-elle. À l’ISEM, justement, on s’inquiète après son départ sur l’avenir de l’Institut.
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