Michelle Obama, accompagnée de ses deux filles Malia et Sasha, est en tournée pour la promotion de la scolarisation des filles. Elle a atterri à Marrakech dans la nuit du 27 au 28 juin. La première dame a été accueillie par Lalla Salma, puis saluée par les responsables locaux (wali de région, président de région, maire), rapporte la MAP.
Ce voyage s’inscrit dans Let Girls Learn (Laissons les filles apprendre), un programme gouvernemental initié par le couple présidentiel et consacré à l’éducation des jeunes femmes. Le programme officiel de la première dame annonçait une visite au Liberia, au Maroc et l’Espagne. Son premier pas sur le continent a finalement été posé au Cap-Vert. En matière d’éducation féminine, le Liberia est très mal classé, avant dernier, juste avant le Soudan. Là-bas, elle a rencontré des fillettes, des jeunes filles et les Peace Corps.
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À Marrakech, les 28 et 29 juin, en compagnie de l’actrice Meryl Streep, Michelle Obama devrait rencontrer des adolescentes. La discussion sera modérée par Isha Sesay de la chaîne CNN. Les participants discuteront ainsi des facteurs qui empêchent les filles de la région de poursuivre une éducation de qualité. Cette visite sera aussi l’occasion pour la première dame des États-Unis de mettre en avant le travail du Millenium Challenge Corporation et de l’USAID (Agence américaine pour le développement international) au Maroc. Pourquoi avoir choisi le royaume ? D’autres États du continent affichent une situation bien plus alarmante que le royaume. Selon l’agence AP, qui cite des officiels américains, le « taux de scolarisation des fille est bas [au Maroc] comparé aux moyennes de la région ».
Une inégalité dès le préscolaire
D’après les chiffres de l’Unesco (l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), le Maroc est clairement moins égalitaire que ses voisins maghrébins, et ce, dès le préscolaire. Dans cette tranche d’âge des 4 à 5 ans, la scolarisation des filles est plus de 10 % inférieure à celle des garçons : en 2014, 53 % contre 66 %. Ces chiffres sont respectivement de 79 % et 79 % pour l’Algérie (en 2011) et de 43 % et 42 % pour la Tunisie (en 2014).
Maroc
Source : Unesco
Algérie
Source : Unesco
Tunisie
Source : Unesco
Au primaire, la différence entre le taux de scolarisation des filles et celui des garçons n’est pas plus importante au Maroc que dans le reste du Maghreb. Mais au secondaire, le fossé entre le taux d’intégration des deux sexes se creuse beaucoup plus que chez les voisins. Ainsi, en 2012, 74 % des Marocains en âge d’être inscrits au collège l’y étaient, contre seulement 64 % des Marocaines. Au même âge, 102 % des Algériens et 98 % des Algériennes, 90 % des Tunisiens et 94 % des Tunisiennes sont scolarisés (chiffres de 2011). Ces pourcentages correspondent, par niveau, au nombre d’enfants scolarisés par rapport au nombre d’enfants en âge d’être scolarisés. Ils peuvent parfois excéder 100 % si des élèves plus âgées sont inscrits dans un niveau auquel ils devraient plus appartenir.
Maroc
Source : Unesco
Algérie
Source : Unesco
Tunisie
Source : Unesco
D’autres données disponibles sur le site de l’Unesco placent le Maroc en bien meilleure que ses voisins. Ainsi, sur 173 pays (le Sud Soudan étant le premier et le Japon le dernier), le royaume est 144e, alors que la Tunisie est 130e et l’Algérie 103e en matière de GPI (Gender parity index)∗. Mais ce tableau est largement faussé par l’ancienneté des données. Celles utilisées par le Maroc datent de 2014, celles utilisées par la Tunisie et l’Algérie datent respectivement de 2009 et 2008. Mais si l’on calcule rapidement cet index avec des chiffres plus récents, l’on se rencontre bien que le Maroc n’est pas mieux classé.
Sans comparer, on peut dire que le Maroc a fait de gros progrès quantitatifs en matière de scolarisation ces dix dernières années, y compris du côté des filles. Mais, de manière générale, l’indice de parité scolaire est surtout faible en zone rurale et dans les populations pauvres, résume le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) dans un rapport de 2015, qui se fonde sur les chiffres du ministère de l’Éducation. En milieu rural par exemple, seules 25 % des filles de 4 et 5 ans sont scolarisées, contre 45 % des garçons de la même tranche d’âge.
Enfin, au Maroc, le fossé entre garçons et filles s’enregistre au niveau du doctorat. D’après les chiffres officiels repris par le CNDH, les filles représentent moins de 36 % des doctorants.
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∗Plus cet indice se rapproche de 1, plus l’Etat en question tend vers la parité en matière d’éducation. L’Unesco considère ainsi que l’éducation est paritaire si cet indicateur est situé entre 0,97 et 1,03. Le Maroc est à 1, la Tunisie à 2 et l’Algérie à 4.
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