Des gynécologues appellent à considérer l'infertilité comme une maladie au Maroc

La procréation médicalement assistée risque-t-elle de disparaître du Maroc ? C’est ce que craignent les professionnels qui dénoncent la loi relative à cette pratique.   

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Au Maroc, 750 000 couples souffrent d’infertilité. Parmi eux, 34% attendent un enfant selon les derniers chiffres présentés par le Collectif citoyen pour le droit à la parenté (CCDP). L’infertilité causerait entre « 30 et 40% des cas de dépression et de divorce dans les couples » nous explique Omar Sefrioui, gynécologue et membre du CCDP, en marge d’une conférence organisée le 22 juin. Ce collectif créé après l’adoption, le mois d’avril 2016, du projet de loi sur la procréation médicalement assistée (PMA) souhaite dénoncer le texte élaboré par le ministère de la Santé, car celui-ci ne reconnaît pas l’infertilité comme une maladie, ce « qui constitue un véritable problème de santé publique » selon Omar Sefrioui, qui cite en exemple l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui la reconnaît comme une maladie depuis 2009.

Interventions coûteuses 

Pour le CCDP, la reconnaissance de l’infertilité en tant que maladie permettrait de donner aux couples qui en souffrent l’accès à des techniques comme la fécondation in vitro (FIV), dont le coût se situe entre « 3 000 et 25 000 dirhams » ou l’insémination artificielle par sperme du conjoint qui peut, elle, coûter entre « 4 000 et 6 000 dirhams » selon Omar Sefrioui.

Des dépenses que ne peuvent pas se permettre certains couples, 49% des couples touchés par l’infertilité ont dénoncé « le coût onéreux de ces interventions », d’autant que la CNOPS fixe un plafond de dépenses pour la PMA à hauteur de « 5 000 dirhams, une seule fois par vie » affirme Jamal Fikry, gynéco-obstétricien et membre du CCDP.

« Des sanctions disproportionnées »

« Ce texte de loi place les médecins au même rang que les trafiquants », affirme Jamal Fikri. Les sanctions prévues par le texte peuvent aller jusqu’à 20 ans de prison et un million de dirhams d’amende pour « la conception d’un embryon à des fins commerciales de recherche ou d’expérimentation », « le clonage reproductif », « le don ou la vente de gamètes et d’embryons » et « la gestation pour autrui ». Le texte condamne également le fait de ne pas déclarer les couples ayant recours à la PMA dans un registre au tribunal. Des sanctions que le gynécologue qualifie de disproportionnées : « le fait de condamner ceux qui pratiquent la PMA avec un objectif commercial est tout à fait normal, mais être emprisonné pour des manquements administratifs est inadmissible ».

Ce texte contient également, selon le CCDP, de « graves approximations ». À titre d’exemple, il autorise « l’application d’un traitement thérapeutique sur l’embryon, ce qui ouvre la porte à la manipulation génétique, une pratique mondialement interdite, alors qu’il interdit le screening préimplantatoire qui est une technique qui permet de choisir simplement les embryon sains », explique Fikri.

Le CCDP a déjà organisé plusieurs rencontres avec des parlementaires issus des partis de la majorité et de l’opposition, notamment le PJD, le PPS, le MP, l’Istiqlal et le RNI.

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