Marine Le Pen vient d’annoncer sa volonté d’organiser un référendum en France. Pascal Perrineau, professeur des Universités à Sciences Po, nous explique les conséquences du Brexit sur la vie politique française.
Ce vendredi 24 juin, le Royaume-Uni a choisi de mettre un terme à son appartenance de quarante-trois ans à l’Union européenne. Quelques heures après l’annonce du résultat, la présidente du Front National, Marine Le Pen, s’est fendue d’un tweet victorieux et a fait savoir sa volonté d’organiser à son tour un référendum dans son pays. Le chercheur du CEVIPOF et spécialiste de sociologie électorale, Pascal Perrineau, explique à Telquel.ma ce que le Brexit va changer pour le parti d’extrême droite français.
Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l'UE MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) June 24, 2016
Comment l’opinion française a-t-elle réagi au « Brexit » ?
Pour l’opinion française, cet événement est à lire en continuité avec l’euroscepticisme, voire l’europhobie, qui s’était exprimée en France en 2005 lors du référendum pour une Constitution européenne [le Parlement français a ratifié le traité de Lisbonne trois ans plus tard, malgré la victoire du « non », NDLR]. Aujourd’hui, les enjeux sont différents car le Brexit n’est pas directement un problème de politique hexagonale. Pourtant, les enquêtes le montrent, les français sont de plus en plus méfiants concernant la politique de l’Union européenne.
Qu’est-ce que cette victoire implique pour le Front National ?
Comme pour toutes les mouvances politiques de type souverainiste ou nationaliste en Europe, le Brexit est une bonne nouvelle pour le FN. Parce que c’est ce qu’il propose. Dans son programme, le parti de Marine Le Pen promet la sortie de l’euro mais aussi un référendum sur la sortie de l’UE. En substance, ça renvoie le message que ce qui a été réussi pour la première fois dans un grand pays européen peut réussir une seconde fois en France. Cela permet une pédagogie par l’exemple.
Marine Le Pen est-elle réellement en mesure d’imposer un référendum ?
Tant que le Front National n’est pas au pouvoir, non. Le référendum est à l’initiative du président de la République. Mais cette option, qui paraissait farfelue il y a quelque temps, risque de devenir son thème principal de campagne dans les semaines à venir. De plus, la victoire du parti fondé par Jean-Marie Le Pen à la présidentielle n’est plus improbable. Le dernier sondage Ifop montre le FN en tête, si Alain Juppé ne se présente pas, avec 29% des intentions de vote et une qualification au second tour dans tous les cas. La victoire du Brexit ne peut que renforcer cette tendance.
Le vote des Britanniques change-t-il quelque chose pour le gouvernement socialiste et l’opposition de droite ?
Pour le Parti socialiste comme pour Les Républicains, cela risque d’accroître les tensions internes. La tentation souverainiste est déjà forte au sein de ces partis et les contradictions entre les différents courants vont encore s’accentuer. Mais, quoi qu’il arrive, la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union européenne va prendre plusieurs mois, voire plusieurs années. Il va falloir attendre pour voir.
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