Citant des «sources haut placées » ayant requis l’anonymat, le quotidien de référence turc Hürriyet, indique que la Turquie et Israël désirent mettre fin aux relations diplomatiques très tendues depuis l’arraisonnement sanglant du Mavi Marmara, la flottille d’aide humanitaire qui a tenté de briser le blocus de Gaza. Le sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères turc Feridun Sinirlioğlu et un envoyé spécial du Premier ministre israélien Joseph Ciechanover devraient se rencontrer dimanche 26 juin pour annoncer la normalisation totale des relations. « Un accord pourra être conclu à la prochaine réunion en fonction des mesures prises par Israël », a déclaré le ministre Mevlüt Çavuşoğlu lors d’une conférence de presse à Ankara, cité par plusieurs sources médiatiques.
L’affaire Mavi-Marmara
Déjà tendues depuis l’opération israélienne « Plomb durci » dans la bande de Gaza (décembre 2008-janvier 2009), les relations entre la Turquie et Israël, alliés stratégiques depuis les années 1990, se sont brutalement dégradées après l’assaut meurtrier en 2010 par des commandos israéliens d’un navire turc d’aide humanitaire. Faisant partie d’une flottille internationale de six bateaux affrétés par l’ONG turc IHH (la Fondation d’aide humanitaire), une organisation proche du gouvernement turc et du Hamas palestinien, le ferry turc voulait rompre le blocus imposé à Gaza depuis 2006.
En mai 2013, un dégel des relations a été amorcé entre les deux pays. Les excuses présentées à la Turquie par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou lors d’un appel téléphonique à son homologue turc et les 20 millions de dollars donnés en compensation aux familles ont ouvert la voie à des négociations pour une normalisation de leurs relations.
Une réconciliation avant fin juillet ?
L’accord de normalisation entre Ankara et l’État hébreu devrait être formalisé en juillet 2016 par les deux pays, et la réconciliation entérinée avant la fin de ce mois avec l’envoi d’ambassadeurs, ajoute le quotidien Hürriyet. Cet accord intervient alors que la Turquie vient d’envoyer des indices montrant sa volonté de sortir de son isolement sur la scène internationale, estime la même source.
Le nouveau Premier ministre turc Binali Yıldırım avait ainsi adressé des signes d’apaisement en direction de plusieurs pays voisins de la Turquie, mentionnant notamment Israël, la Russie ou l’Égypte. « Il y a un intérêt turque beaucoup plus grand qu’un intérêt israélien de reprendre les relations, mais l’intérêt israélien est présent » confie à la chaîne israélienne i24 Itzhak Levanon, un ancien ambassadeur de l’État hébreu.
Ankara espère la levée du blocus sur Gaza
Ankara pose néanmoins des conditions à cet accord, dont l’indemnisation financière pour les victimes, des excuses publiques pour l’assaut et la levée du blocus imposé par Israël à Gaza contrôlé par le Hamas. Si les deux premières ont été partiellement satisfaites, la troisième condition reste en cours de négociation. « Le problème principal entre nous et la Turquie concerne la question du Hamas et Gaza : quelles seront (les) activités [de la Turquie] et comment agira t-elle dans la bande [de Gaza] » ajoute Itzhak Levanon.
Selon Hürriyet, Israël autorisera probablement la construction d’un hôpital et ne s’opposera pas aux approvisionnements turcs en médicaments et personnel médical dans la bande de Gaza, maintenue sous blocus depuis 2006. En parallèle, la Turquie et l’Allemagne vont conjointement construire une nouvelle centrale électrique et une usine de production d’eau potable sera édifiée par la Turquie, selon la même source. Ankara devra néanmoins envoyer de l’aide à Gaza via le port israélien d’Ashdod, et non pas directement vers la bande.
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