Plongée dans l'univers de la prostitution avec « Sept à huit » de TF1

L’émission de TF1 « Sept à huit » a consacré un reportage à la prostitution à Marrakech. Des séquences-chocs et un sujet longtemps sensible.

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Le 19 juin, l’émission de TF1 « Sept à huit » a diffusé un reportage du réalisateur Christophe Dubois intitulé “Les mille et une nuits de Marrakech”. En 24 minutes, l’émission emmène le téléspectateur français dans le monde nocturne de Marrakech, théâtre d’une économie latente : la prostitution. À travers les yeux de deux jeunes filles, âgées de 19 et 20 ans, se prostituant depuis quelques mois, le téléspectateur découvre ce marché du sexe à la fois tabou et connu de tous. Pour elles, c’est séance shopping et visite chez le coiffeur plusieurs fois par semaine pour soigner leur look, mais la principale préoccupation de ces jeunes prostituées, qui témoignent toutes en off, reste de gagner suffisamment d’argent pour vivre et faire vivre leur famille. « On a besoin d’argent pour payer le loyer, on a beaucoup de charges. Dans la vie, si tu ne fais pas ça t’as rien, tout a une contrepartie » témoigne l’une d’entre elles. L’autre fille affirme : « Ce n’est jamais avec plaisir » avant de repartir dans les bras d’un client.

Le cercle vicieux de la prostitution

« J’espère que Dieu nous pardonnera un jour, et qu’il nous aidera à quitter cette vie-là pour un avenir différent », confie encore l’une des deux prostituées. Un discours qui revient souvent dans la bouche de ces filles qui ont l’impression qu’elles ne vont faire ça que quelque temps. En réalité, elles s’embarquent très souvent dans cette activité pour plusieurs années. C’est d’ailleurs ce dont témoigne une autre prostituée. Mère célibataire, détenant une formation bac+5 en gestion, elle a commencé ce qu’elle ne considère pas comme étant « un vrai métier » persuadée que ça ne serait que temporaire. Dix ans plus tard, elle a du mal à admettre qu’elle s’était trompée. Elle avoue « vivre difficilement cette vie », mais être « incapable de faire autrement ».

Dans son reportage, Christophe Dubois tente de mettre en avant la réalité taboue d’une société où la prostitution est officiellement proscrite, mais reste tout de même omniprésente. Des clients de toutes nationalités (Saoudiens, Qataris, Émiratis, mais aussi des Anglais et des Français) rencontrent ces jeunes filles attablées aux terrasses des cafés des quartiers branchés de Guéliz où elles se font offrir un verre, en pleine journée, et donnent leurs numéros de téléphone pour fixer un rendez-vous le soir venu.

Car c’est la nuit que Marrakech devient « un grand bazar du sexe », entre boîtes de nuit et institutions de massage « proposant des extras ». Les journalistes se faisant passer pour des touristes ont ainsi eu l’occasion d’interroger des « habitués » du milieu, des clients étrangers se rendant à Marrakech plusieurs fois par an. « Il faut négocier le tarif avec les filles avant d’arriver dans l’appartement, si elles ont un peu picolé, elles partent en vrille et c’est la galère », explique l’un d’entre eux. Pour l’un des clients, « la fille est là pour gagner des ronds, même si elle ne prend pas plaisir. Elle gagne en une soirée ce qu’elle gagnerait en un mois si elle travaillait légalement ».

Caméra non grata

Un commerce qui fait vivre tout un pan de l’économie marrakchie, selon les reporters. Si certaines de ces prostituées sont sous la coupe de souteneurs, la majorité d’entre elles reste indépendante. Au sein de ce « business informel » les taxis occupent une place importante. Interrogé sur la question, un chauffeur de taxi avouera qu’à ces yeux, « la prostitution alimente toute l’économie locale ». Pour lui, « tout le monde vit de cette activité, les chauffeurs, les serveurs et les videurs ». Une réalité qui ternit l’image de la capitale touristique du royaume. « Si le sexe est une industrie vitale pour le royaume, il n’aime pas qu’on enquête sur la face la moins reluisante de son économie » va même jusqu’à dire la voix off.

 

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