Les importateurs de papiers et carton sont en colère et le font savoir. Ils dénoncent la mesure de sauvegarde annoncée par le ministère du Commerce extérieur le 7 juin 2016 qui a pour objectif de protéger l’entreprise Med Paper, unique producteur local de papiers.
Le ministère a décidé, à la fin de son enquête de sauvegarde sur les importations du papier, de mettre en place un droit additionnel sur les importations de papier bobine et en rame de 25 %. Ce droit dégressif, passera à 22,5% le 1er janvier 2017, puis à 20% (1er janvier 2018), 17,5% (1er janvier 2019) et 15% (1er janvier 2020).
Cher cher papier
Pour l’Association marocaine des importateurs transformateurs et distributeurs de papier et carton (ADPAC) ainsi que l’Association professionnelle marocaine des Imprimeurs (APMI), cette mesure est aberration. «Il s’agit d’une mesure que les imprimeurs et les importateurs de papiers ne peuvent pas supporter », assure Mohamed Ali Mechiche Alami président de l’ADPAC, lors d’une conférence organisée au siège de la CGEM, le jeudi 16 juin. Said El Nejjar, président de l’APMI, quant à lui, reste fermement opposé à cette mesure même s’il ne se dit pas « contre toutes mesures défendant l’unité nationale ». Selon lui « si cette imposition est mise en place elle ira à l’encontre de tout un secteur et personne n’en profitera, pas même Med Paper ».
Certains fabricants de bloc-notes, agendas ou de livres scolaires se sont également indignés face à cette mesure. Pour ces derniers « cette augmentation de 25% des coûts induira forcément une hausse des prix de vente de leurs produits, ce qui ouvrira la porte aux produits finis importés qui, eux, ne sont paradoxalement pas taxés ». De plus plusieurs intervenants dans la salle ont émis des réserves quant à la capacité de Med Paper à subvenir à elle seule à la demande nationale. « Le papier de Med Paper n’est pas toujours de bonne qualité et il n’est pas adapté à tous les secteurs : ils sont bons pour certains supports, mais pour d’autres leurs produits ne sont adaptés ni à nous même, ni à nos clients », explique Mohamed Iraki Directeur Générale de ILEF, une imprimerie à Rabat. Contacté par Telquel.ma, Mohcine Sefrioui le président directeur général de Med Paper, n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat, et préfère attendre la conférence de presse qu’il tiendra ce jeudi 23 juin, afin de répondre à l’ensemble de ces remarques.
Flash back
Cette mesure de sauvegarde a été prise après l’ouverture d’une enquête sur requête de Med Paper, un an plus tôt le 9 juin 2015. Dans sa requête, le plaignant (Med paper) indique «un accroissement massif des importations dû à la baisse de la demande et de la consommation du papier dans les pays développés». Cette situation aurait «causé un dommage grave à la branche de production nationale de papier en bobine et en rame». L’unique producteur local argue par conséquent «un recul de la production, de la productivité, de la capacité de production, des ventes, du niveau d’emploi et des baisses des résultats».
Son chiffre d’affaires a chuté de 12% en 2015 à 101 millions de dirhams (environ 9,2 millions d’euros) avec surtout une lourde perte nette de 20 millions de dirhams après déjà 40 millions de dirhams de déficit net en 2014. Dès l’ouverture de cette enquête des griefs portant sur la validité des facteurs avancés par Med Paper, ainsi que sur la détermination du «dommage causé» par les importations de papier sur les activités de l’industriel ont été émis. Pour les importateurs, les autorités du Commerce extérieur doivent tenir compte de facteurs autres que ceux invoqués par le plaignant, et qui justifient, en réalité, l’accroissement des importations. «Si Med Paper éprouve de graves difficultés, c’est parce que ses positionnements de produits et ses choix stratégiques de développement n’ont pas été les bons», argue un opérateur du secteur. « Le manque de compétitivité et d’attractivité du papier de Med Paper est la conséquence de son inaction: manque d’investissement et de prise de mesures pour se préparer à une concurrence prévisible du fait du démantèlement tarifaire, et de la rationalisation des coûts chez ses concurrents», résume-t-on déjà un an plus tôt auprès de l’ADPAC.
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