Pourquoi le torchon brûle entre le Maroc et les Etats Unis

“Fallacieux”, “mensonger”, “manipulation”… jamais des termes aussi crus n’ont été lancés par les autorités marocaines à leurs alliés américains. Le rapport du département d’État sur les droits de l’Homme ne passe décidément pas.

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17 mai 2016 Le Ministre de l'Intérieur M. Mohamed Hassad reçoit l'ambassadeur des Etats-Unis au Maroc S.E, Dwight Bush

Ça chauffe entre le Maroc et le département d’État américain. L’ambassadeur des États-Unis à Rabat, Dwight L. Bush, vient d’être doublement convoqué. Une première fois, le 17 mai, par le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad et une seconde, le lendemain, par Nacer Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères. Objet de la convocation : le rapport du département d’État sur les droits de l’homme. Le volet consacré au royaume est en effet jugé “véritablement scandaleux” par le gouvernement marocain, qui estime que le document préparé par les équipes de John Kerry “est passé de l’approximation de l’information à son invention pure et simple, de l’appréciation erronée au ‘mensonge’ caractérisé”. Une première ! Jusqu’ici, le Maroc n’avait jamais répondu de la sorte à un tel rapport.

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 Ballet diplomatique

“On ne pouvait pas laisser passer ça”, réagit une source bien informée, qui estime que le plus grave est qu’il “y a un problème en matière de faits et non d’appréciation”. Mais alors, pourquoi les autorités ont mis un mois avant de réagir à un rapport publié le 13 avril ? “Le Maroc avait deux choix: soit répondre le jour même, soit étudier minutieusement le rapport et le contredire, arguments à l’appui”, répond la même source. Autre interrogation : pourquoi l’ambassadeur Bush a été reçu par deux ministres et en deux fois ? À en croire certaines sources, confirmées par une dépêche de la MAP, c’est “la réaction du porte-parole du département d’État rejetant en bloc les affirmations du gouvernement marocain” qui a mis le feu aux poudres. Malgré les éléments présentés par les autorités marocaines, le porte-parole John Kirby a déclaré que “le département d’État maintient les informations contenues dans le rapport 2015 sur les droits de l’homme au Maroc”, rapporte l’agence Associated Press. Du coup, le lendemain, l’ambassadeur des États-Unis est convoqué une seconde fois par Nacer Bourita, en présence du patron des renseignements extérieurs, Mohamed Yassine Mansouri.

Le Sahara en sourdine ?

Pourtant, les critiques ne sont pas nouvelles. Pourquoi donc le Maroc a décidé de réagir cette année et pas les précédentes ? “Il y a toujours eu des réactions. Ce qui a changé, c’est la méthode, que j’estime plus forte, car elle intervient dans une conjoncture marquée par plusieurs positions inamicales émanant des États-Unis”, juge l’expert en relations internationales Mohamed Benhammou. Comment, en effet, ne pas penser aux récentes manœuvres américaines sur le dossier du Sahara, et au Conseil de sécurité. “Depuis quelques années, des rapports biaisés sont élaborés par un département d’État gangréné par de hauts fonctionnaires proches d’ONG hostiles au Maroc, dont celle dirigée par Kerry Kennedy, soutien inconditionnel aux séparatistes”, ajoute le spécialiste, qui estime que le Maroc ne doit plus se taire face à une administration Obama imprévisible. “Les Américains ne prennent en considération que ceux qui se dressent face à eux. Comme le dit le proverbe hébreu: ‘mieux vaut être tête de chien que queue de lion’, juge l’expert. Reste à savoir si cette stratégie sera payante.

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