Rapport du département d'État américain : l'ambassadeur Dwight L. Bush, Sr. convoqué

La tension autour du rapport du département d'État américain sur les droits de l'Homme au Maroc ne retombe pas. Dernier rebondissement : la convocation de l'ambassadeur Dwight L. Bush, Sr.

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(Illustration) Mohammed VI, John Kerry et Dwight Bush. Crédit : DR

En langage diplomatique, le geste est fort. Les autorités marocaines ont convoqué ce mercredi 18 mai l’ambassadeur des États-Unis à Rabat, Dwight L. Bush, Sr., en réaction à la prise de position du département d’État américain. Ce dernier a, en effet, rejeté les critiques du Maroc sur un rapport (datant du 13 avril) de cette instance officielle américaine, jugé “partial” par le Maroc.

L’information a été rendue publique par l’agence officielle MAP, qui précise que l’ambassadeur américain a été convoqué par le ministre délégué aux affaires étrangères, Nasser Bourita, en présence de Mohamed Yassine Mansouri, Directeur général des études et de la documentation (DGED).

La veille, le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad avait dénoncé dans un communiqué  le dernier rapport du département d’État américain sur les droits de l’Homme, et qui compilait une longue série de griefs concernant les droits humains au Maroc. Mohamed Hassad a expliqué que le royaume est «contraint d’explorer toutes les voies possibles pour dévoiler les dérapages de ce rapport». 

Lire aussi:  Le Maroc en colère contre le rapport du département d’État américain sur les droits de l’homme

Le ton est monté d’un cran encore aujourd’hui, suite à la convocation de Bush. «À la suite de la réaction du porte-parole du département d’État rejetant en bloc les affirmations du gouvernement marocain au sujet du contenu mensonger du rapport sur les droits de l’Homme, l’ambassadeur des États-Unis à Rabat, M. Dwight Bush, a été convoqué, mercredi, par le ministre délégué aux affaires étrangères, M. Nasser Bourita, en présence de M. Mohamed Yassine Mansouri, Directeur général des études et de la documentation », peut-on lire dans la dépêche officielle.

Pour étayer ces griefs, il a été exposé à l’ambassadeur américain trois cas confirmant «la manipulation avérée et les erreurs factuelles flagrantes qui entachent le rapport du département d’État», selon une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la coopération (MAEC).

La première affaire est celle de Ouafae Charaf. «Le rapport du département d’État prétend que Mme Ouafae Charaf a été condamnée à deux ans de prison pour avoir fait de «fausses allégations de torture» et «signalé des crimes dont elle connaissait l’inexistence» (…) Or, l’enquête judiciaire diligentée et les écoutes légales conduites par le parquet dans ce cadre, ont permis de confirmer, de manière catégorique, que l’intéressée a sciemment inventé le scénario de son présumé enlèvement, et incité les membres de sa propre famille à faire des déclarations mensongères pour corroborer sa thèse» , selon le communiqué.

Le deuxième cas est celui de Oussama Housn. Alors que le rapport du département d’État évoque les mêmes charges que dans le cas de Ouafae Charaf, «l’enquête judiciaire a établi, de manière catégorique, le caractère affabulateur et mensonger des allégations de l’intéressé, puisque son amie a démenti ses affirmations et déclaré qu’il était en sa compagnie au moment même où il prétend avoir fait l’objet d’enlèvement. Des enregistrements vidéo disponibles confirment ces faits», peut-on encore lire dans le communiqué du MAEC.

Le troisième cas concerne le journaliste Hamid Mahdaoui. ‘’Selon le rapport du Département d’Etat américain, le 29 juin, un tribunal de Casablanca a condamné Hamid Mahdaoui, rédacteur en chef du site web d’informations Badil, à une peine de quatre mois de prison avec sursis, pour diffamation du chef de la Direction générale de la sûreté nationale, Abdellatif Hammouchi ’’, cite le communiqué du ministère. Mais «les faits rapportés par le rapport n’ont fait l’objet d’aucune vérification, démontrant ainsi la négligence, voire la mauvaise foi des rédacteurs. Car, M. Hammouchi n’était pas encore en charge de la DGSN au moment des faits allégués contre lui», toujours d’après la même source.

En outre, le communiqué ajoute que «le Maroc, sûr de ses affirmations, détient d’autres preuves sur d’autres cas et dont il est prêt à démontrer le caractère fallacieux».

Et de s’interroger sur «l’acharnement des rédacteurs du rapport (qui), quitte à dénaturer les faits, pousse le gouvernement du Royaume du Maroc à s’interroger sur les véritables visées et motivations de cet exercice».

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