Le 3 mai, un communiqué du Parti authenticité et modernité (PAM) révèle qu’une réunion entre les membres du Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, dont le secrétaire général de la formation Ilyass Elomari est président, et des représentants de la Fondation Melinda & Bill Gates et la Banque islamique de développement (BID) s’est tenue le 3 mai pour la signature d’un accord de subvention de projets sociaux. La com’ du parti parle d’un montant mirobolant : 100 millions de dollars. Le même communiqué a indiqué que «cet accord signé va durer cinq ans et entrera en vigueur à partir du mois d’octobre 2016 dans la mesure où une commission se chargera d’élaborer les fiches techniques des projets».
Sauf que l’information a été démentie par la responsable de communication de la Fondation Melinda & Bill Gates pour la zone Europe et Moyen Orient Cecile Sorhus, selon ledesk.ma. Contactée par Telquel.ma, la même source confirme que les informations données par le PAM ne sont pas fiables. «Les récents articles concernant le financement des projets au Maroc ne sont pas corrects. La fondation travaille avec plusieurs partenaires à travers la planète, parmi lesquelles la Banque islamique de développement afin d’explorer de nouvelles façons d’aider les classes défavorisées à sortir de la pauvreté», nous confirme via email Cecile Shorus. Et de poursuivre que «toutes les décisions relatives aux programmes sont faites par la BID ». La responsable de communication de la fondation nous explique également «qu’aucun type de projet n’a été confirmé au Maroc mais qu’ils continuent à explorer les opportunités qui seront annoncés une fois concrétisés.»
De son côté, la Banque islamique de développement (BID) a, elle aussi, démenti le 6 mai cette information. Interrogé par le site d’information CNN Arabic, Karim Allaoui, responsable à la BID, affirme que «la Banque islamique de développement et ses partenaires n’ont, pour l’instant, accepté de financer aucun projet au Maroc», mais qu’il y a des pourparlers avec plusieurs pays qui ont été entrepris, notamment avec le royaume.
«Un accord de principe», selon Elomari
Lors d’une conférence organisée le 5 mai à Casablanca, le secrétaire général du PAM Ilyas Elomari a reconnu qu’aucune signature d’accord n’a été faite entre les différentes parties. Toutefois, il a indiqué «qu’après plusieurs correspondances, un accord de principe est passé entre la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la fondation et la Banque islamique de développement.»
Elomari a même précisé qu’au «sein de la réunion, une commission a été constitué en présence des représentants de la fondation et de la BID pour qu’on établisse les fiches-projets». Et de conclure que «ces représentants ont, par la suite, visité 20 douars dans la région.»
Quand le PAM se contredit
Quid alors de l’annonce triomphante du PAM ? Interrogé par TelQuel.ma sur la teneur du communiqué du parti du tracteur, le député PAM Mehdi Bensaid botte en touche en expliquant que «ce communiqué ne découle pas du bureau politique du parti et qu’Elomari n’a pas communiqué personnellement sur cet accord.»
Sur les propos de la fondation qui nie la signature de l’accord, il affirme «qu’il n y a pas de signature définitive mais que la Fondation n’a pas dit qu’il n’ y a pas d’accord non plus». Et d’ajouter que pour «la signature d’accord de ce genre, il faut passer par plusieurs procédures.»
Le PJD demande des explications
Cette polémique n’a pas échappé au grand rival du PAM. Le groupe parlementaire du Parti justice et développement (PJD) compte adresser à la Chambre des représentants une question orale au ministre de l’Economie et des finances Mohamed Boussaid. Pour le PJD, «des négociations de ce genre doivent être entamés avec les autorités centrales, qui est dans ce cas-ci, le ministère de l’économie et des finances » et non avec le président d’une région, en l’occurrence Elomari. Le groupe parlementaire du PJD s’interroge sur «la véracité des propos d’Ilyas Elomari sur la somme de la subvention dont va bénéficier les autres régions du royaume et sur les mesures qui vont être prises par le ministre pour mettre un terme au dépassement des prérogatives du ministère».
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