Le 31 mars a eu lieu la première «Nuit debout», un mouvement citoyen né à Paris, mais qui s’est entre-temps exporté à une dizaine de villes françaises et, depuis le 6 avril, à Bruxelles en Belgique. Au départ, les gens se sont rassemblés pour s’opposer à la loi El Khomri qui vise la réforme du Code du travail français, une loi que les militants considèrent comme rétrograde. Les sujets abordés durant les assemblées générales qui ont suivi sont, aujourd’hui, de plus en plus diversifiés.
« Faire de la politique autrement »
Des discours citoyens, qui prennent la parole chacun à leur tour comme du temps de l’Agora à Athènes, démontrent un mécontentement généralisé envers la classe dirigeante. «Les socialistes sont morts, on va les enterrer bientôt. Hollande, Valls, Macron ont dégoûté tout le monde durablement» assure la syndicaliste Karine Monségu au journal français Le Monde. En se réappropriant l’espace public, ces gens espèrent se réapproprier l’espace politique. Peu convaincus d’une démocratie qui ne fonctionne plus, ils refont aujourd’hui le monde en abordant différents thèmes qui touchent profondément la société européenne : capitalisme, chômage, réfugiés… En convergeant les luttes, ces sympathisants de gauche contestent une politique globale qu’ils semblent vouloir remplacer par un nouveau modèle de société, plus à l’écoute des citoyens.
Les indignés à la française
Depuis ses débuts, les « Nuits debout », qui rassemblent quotidiennement plusieurs centaines de citoyens, ont été comparés au mouvement des « Indignés » espagnols, une grande vague d’occupation d’espaces publics, desquels est issu le parti espagnol Podemos. De fait, tous les deux s’indignent contre le système social, économique et politique occidental. En France, plusieurs membres du parti ont d’ailleurs montré leur soutien aux rassemblements de la place de la République. «De la place Tahrir en Égypte à la plaza del Sol à Madrid puis ici, il y a une revendication très transversale qui est : “occuper un espace public pour faire de la politique”. Il faut comprendre que si nous ne faisons pas de la politique nous-mêmes, les politiques la feront pour nous, contre nos intérêts», a déclaré le député européen Miguel Urban Crespo à l’AFP.
En annonçant des événements en Espagne et en Allemagne qui auront lieu d’ici la fin de la semaine, le mouvement s’élargit à travers l’Europe. Ses desseins sont encore flous à ce jour, mais ce qui est certain c’est que le changement est son principal moteur. « La “Nuit debout” n’est pas une manifestation, c’est une opération de construction. On continuera jusqu’à aboutir à quelque chose de concret» déclare un membre de la commission communication au journal Le Monde.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer