« Nous sommes partis du constat que la communauté maghrébine n’a pas de site qui ne soit pas axé sur la religion et le fait que les deux parties soient musulmanes », nous explique l’une des deux personnes à l’initiative du projet, qui préfère garder l’anonymat. Avec son compagnon, elle a lancé Zwinti en janvier dernier. Ce couple maroco-tunisien veut prendre le contre pied des très connus Inshallah et autres Maktoub. « La jeunesse ne se retrouve pas dans les sites de rencontre proposés aux Maghrébins. Ces sites sont stigmatisants et peinent à voir au-delà de l’identité arabo-musulmane », peut-on lire dans le communiqué. Alors que « Zwinti est davantage axé sur la culture », nous explique la jeune femme, la vingtaine, qui avoue être elle-même « férue d’art » alors que son partenaire est dans le domaine de l’informatique.
Il est vrai que la plateforme est très esthétique. Ensuite, les options pour éditer son profil font sourire. Vos yeux peuvent par exemple être thé à la menthe ou noir olive, alors que vous pouvez définir votre style comme étant hippie du bled, hijabista ou encore artsy amazigh. Vous pouvez aussi préciser si vous buvez de l’alcool et fumez. Mais en dehors des descriptifs qui sont autant de clins d’œil à la culture maghrébine, le site offre un autre avantage par rapport à ses concurrents : les propositions de sortie. Un algorithme prend en compte la localisation et les goûts de l’utilisatrice pour que son contact lui propose une sortie au théâtre ou un concert.
L’amour et la découverte de l’autre ne perdent-ils pas ainsi un peu de spontanéité et de charme ? Pas vraiment, d’après la créatrice du site. « Pour être honnête, je pense qu’il y a un besoin. Les occasions ne se présentent pas toujours de trouver quelqu’un de la communauté maghrébine, de manière spontanée. Ici, on réunit des personnes qui partagent des valeurs et une culture », nous explique la jeune femme.
Les femmes ont le pouvoir
« Zwiniti est fondamentalement féministe », énonce le communiqué de presse. « Oui, parce que les femmes y détiennent le pouvoir », nous explique notre interlocutrice qui précise : « Elles ne sont pas harcelées, puisque les garçons doivent demander la permission pour leur parler ». Concrètement, la femme peut écrire à n’importe quel homme inscrit sur le site. Elle le trouve en faisant une recherche par critères ou en se référant aux propositions du site, qui met en avant les inscrits les plus populaires (ceux qui conversent le plus). Les hommes, eux, doivent envoyer une « khmissa ». A la femme d’accepter pour qu’il puisse tchater avec elle ensuite. Aussi, il y a toujours plus de femmes que d’hommes sur le site. L’équipe (composée de six personnes) modère l’entrée des hommes, qui doivent faire la queue avant de pouvoir accéder à Zwinti.
Et la formule semble marcher. En un mois, 3 000 personnes se sont inscrites sur Zwinti, 15 000 messages y ont été échangés. A regarder les profils édités, pour le moment, le site séduit principalement les Tunisiens et la diaspora établie en France. Les créateurs du site précisent : il n’est pas destiné qu’aux Maghrébins, mais à tous les « aficionados » de la région. « Je ne suis pas trop fan de la religion. Je ne cherche pas une ‘ meuf Halal ‘ au sens ‘ immigrée maghrébine en France ‘, mais une fille ouverte ET qui partage quand même ma culture », nous explique un des utilisateurs, qui nous raconte qu’il utilise déjà Tinder mais « que la communauté est plus ‘ intéressante ‘ ici ».
Pour le moment, le site est gratuit, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. « Nous verrons ensuite comment éventuellement monétiser le site, mais pour l’instant, la priorité est plutôt à la création d’une application mobile et l’optimisation du site ».
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