Ils s’appellent Fouad et Karim et ils témoignent sur RMC, de leur quotidien en tant que Marocains, anciennement Franco-marocains, déchus de leur nationalité après avoir été condamné pour acte de terrorisme.
Arrêtés en 2004 pour « appartenance à des mouvances en liens avec le groupe responsable des attentats de Casablanca » de 2003, ces Marocains ont purgé une peine de 5 ans et, une fois libérés en 2009, ont été déchus de leur nationalité. Pas expulsé de France pour autant, ils continuent de vivre dans l’Hexagone en craignant d’être expulsés à tout moment. « C’est vrai que civilement, on nous a retirés notre identité » explique ainsi Fouad, l’un des trois Marocains interviewés. « Mais dans notre cœur, on sera toujours français. » Ce dernier explique au média français avoir toujours voté. « Je suis quelqu’un d’investi démocratiquement, civiquement » assurant « toujours penser français, réfléchir français », où qu’il soit dans le monde, Fouad dit ne pas comprendre « l’acharnement » de son pays d’adoption.
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Karim, un autre Marocain de 39 ans, lui emboîte le pas : « On vit dans une angoisse permanente », témoigne-t-il. Stipulant ne « pas connaitre le pays de ses parents », hormis des vacances quand il était jeune, Karim estime avoir été « baigné depuis tout petit dans la culture française.» Depuis sept ans et sa sortie de prison, ce dernier travaille et a même monté son entreprise. « C’est en octobre dernier, en regardant la télévision qu’il a appris qu’il n’était plus français » rapporte ainsi RMC. « A la sueur de notre front, on a repris une vie normale, une vie de travailleur. Si une personne est condamnée en France, généralement, quand elle a purgé sa peine, elle a payé sa dette à la société. » confie-t-il, considérant cette déchéance de nationalité, comme une double punition pour les binationaux repentis.
En France, la déchéance de nationalité est actuellement débattue par les députés. Le gouvernement français prévoit de déchoir de leur nationalité les Français condamnés pour des crimes « constituant une atteinte grave à la vie de la Nation.» Néanmoins, dans les faits, cette déchéance existe déjà pour le cas de binationaux. A terme, le Maroc pourrait donc accueillir des personnes accusées d’actes de terrorismes qui présentent la particularité d’être Franco-marocains, et dont la France ne veut plus assumer la prise en charge.
Contactée par Telquel.ma à ce sujet, l’avocate du barreau de Casablanca, Maitre Nesrine Roudane explique que cette déchéance ne devait pas être « un fourre-tout où l’auteur de violences sur personne suite à un désaccord pourrait être déchu de la nationalité française au même titre que l’auteur d’un attentat. » « La définition de crime terroriste doit être claire et assortie de gardes fous garantissant les droits des justiciables », argumente-t-elle.
« Il serait néanmoins paradoxal de reprocher à la France de renforcer son arsenal judiciaire en matière de lutte contre le terrorisme avec une modification de la loi qui devrait en réalité ne toucher qu’une minorité d’individus » relativise cependant cette spécialiste.
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