L'ALECA menace-t-il le droit à la santé des Marocains ?

Une dizaine d’organisations marocaines de santé et de droits humains ont créé un collectif pour préserver le droit à la santé des Marocains, dans le cadre de  l’approche des reprises des négociations de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre le Maroc et l’Union européenne.

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Crédit : AFP

Plusieurs associations liées à la santé ou au droit humain, comme l’Association de lutte contre le Sida (ALCS), l’Association marocaine des droits humains (AMDH) ou encore la Fédération nationale des associations amazighes, se sont réunies pour créer un collectif « pour la préservation du droit à la santé des Marocains », selon un communiqué officiel relayé le 8 janvier . L’objectif? Créer un débat autour du système de protection de la propriété intellectuelle et l’accès aux médicaments, ainsi qu’une révision de la législation nationale en matière de protection de la propriété intellectuelle et la suppression de toutes les clauses qui vont au delà des exigences de l’OMC. 

« A l’heure où le Royaume du Maroc et l’UE s’apprêtent à reprendre les négociations sur l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), la société civile marocaine s’unit pour tirer la sonnette d’alarme sur le danger que représente l’ALECA pour l’accès aux génériques dans notre pays », indique ainsi le collectif.

« Dans les accords de libre échange « complets et approfondis » négociés par l’UE il y a des clauses qui renforcent les droits de propriété intellectuelle au delà de ce qui est prévu dans les normes internationales pour servir les intérêts des grosses firmes pharmaceutiques européennes », nous confie un membre du collectif. Et d’ajouter : « cela entrave fortement la capacité pour le Maroc de recourir à des génériques. »

Les pays à revenus intermédiaires comme le Maroc, s’appuient sur la production générique, surtout pour des maladies comme le cancer ou le VIH, où les traitements sont hors de prix. « En signant des accords comme ceux prévus par l’ALECA, sans questionner les chapitres sur la propriété intellectuelle et l’investissement, le Maroc se tire une balle dans le pied. C’est d’ailleurs en totale contradiction, avec les récentes déclarations du ministre de la Santé qui, après que le Maroc ait lancé sa propre production générique pour l’hépatite C, avait dit qu’il fallait que le pays s’appuie davantage sur l’industrie générique nationale», nous confie notre même source.

Lire aussi : L’incroyable épopée du générique marocain contre l’hépatite C

Le collectif aspire donc à ce que les négociateurs de l’ALECA tiennent au courant les différentes associations, fassent appel à des spécialistes et, d’une manière générale, à ce qu’ils « soient transparents et retirent les clauses qui vont empêcher l’accès des génériques au Maroc. »

Pour les différents signataires de ce collectif, l’ALECA est donc un accord « à deux vitesses », qui vise à protéger les investissements européens et à servir les grandes multinationales, tandis qu’en matière de santé, le Maroc a lui davantage intérêt à protéger « les mécanismes autorisés par les règles du commerce international » et garantir ainsi aux patients marocains, des soins, à des prix abordables.

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