Rabat: La mairie confie la gestion de la culture à une SDL

Une nouvelle structure publique-privée se chargera, à la place des élus, des affaires culturelles et sportives de la capitale. Une décision qui suscite l'indignation chez certains membres du conseil de la ville.

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Après le transport, l’éclairage, la gestion des déchets, l’eau et l’électricité, c’est au tour des affaires culturelles et sportives d’échapper au contrôle des élus de la capitale. En lieu et place de la ville, c’est une société de développement local, nommée Rabat Animation, qui devra contrôler tout ce qui a trait à la vie sportive et culturelle des Rbatis. La décision, approuvée le 17 décembre, n’a pas manqué de susciter l’ire des élus communaux de la Fédération de gauche démocratique (FDG). « À quoi ça sert d’avoir un conseil de la ville dans ce cas-là ? Que pourrons-nous dire aux électeurs ? » s’indigne Omar Balafrej.

Que reste-t-il à nos élus ?

Dotée d’un capital de 3 millions de dirhams, Rabat Animation obéit aux dispositions de la loi relative aux sociétés anonymes. « Sur le principe, je ne suis pas contre la création de sociétés de développement local, car le concept fonctionne dans certains pays, mais vu la rapidité avec laquelle la décision est passée, on sent l’entourloupe. C’est, dans le meilleur des cas, immature », tonne l’élu communal. Et de s’interroger: « Comment peut-on défendre les intérêts des citoyens si nous n’avons aucun contrôle sur la société ? »

Bien que, en vertu de la loi, la participation des collectivités locales dans le capital de la SDL ne peut être inférieure à 34 %, les élus ne disposent d’aucun moyen pour garder la main sur la stratégie de la société ni sur la réalisation de ses projets. « C’est contraire à tous les principes de la démocratie », s’emporte Omar El Hayani, élu sous la bannière de la FDG. Une session publique aura lieu au conseil de la ville de Rabat le 28 décembre pour discuter des statuts de la société nouvellement approuvée.

Sur les traces de Casablanca

« C’est simple, on crée des sociétés de développement local, car nous avons failli dans notre rôle en tant qu’élus. Nous n’avons pas fait correctement notre travail, comme nous l’a rappelé le roi, et nous sommes responsables de cet échec ». C’est par cette remontrance qu’Ahmed Brija, vice-président du Conseil de la ville de Casablanca, ouvrait le bal d’une session ordinaire au siège de la Wilaya en avril 2014. Une manière de réduire les élus au silence ?

En tout cas, bien que la décision ait suscité quelques protestations timides, trois SDL ont vu le jour depuis. Il s’agit de Casa Events et Animation, Casa Patrimoine et Casa Prestation. Leur rôle : celui des élus, de la gestion de la culture et du sport à au nettoiement, en passant par la gestion du patrimoine de la métropole. Aujourd’hui, plus d’un an et demi après leur création, les trois sociétés sont opérationnelles. Mais leurs décisions ne sont pas prises au sein du conseil de la ville.

 

 

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