Suite aux attentats meurtriers de Paris, le 13 novembre dernier, de multiples arrestations ont été effectuées le week-end du 21 et 22 novembre à Bruxelles. En état d’alerte, la capitale belge vit telle une ville fantôme. Les écoles sont fermées, le métro également. En son sein, réside une large communauté marocaine, confrontée à la problématique de l’amalgame et des questionnements de la population belge sur ces quartiers où cohabitent plusieurs communautés issues de l’immigration.
Une ambiance lourde
Selon Mouhssin Hassan, ressortissant marocain présent à Bruxelles et participant à de nombreux événements réunissant la communauté marocaine, l’ambiance est « très oppressante et stressante». Ce dernier s’est d’ailleurs joint à l’initative lancée par un collectif de Marocains visant à offrir, vendredi 27 novembre prochain, un «couscous de la fraternité» à leurs voisins de toutes confessions pour promouvoir le vivre-ensemble. « Un dîner convivial pour la paix, la tolérance et la fraternité, en ces moments difficiles » nous confie-t-il. Revenant sur l’ambiance, Mouhssin Hassan confirme la fermeture des écoles, du métro, ou encore l’annulation des salles de concerts.
Molenbeek, le quartier maudit
Quelques jours après les attentats de Paris, et la lumière mise par les médias du monde entier sur le quartier de Molenbeek, où se réunissaient les terroristes avant leurs méfaits, l’AFP rapportait le témoignage d’habitants, lassés de voir leur quartier devenir le carrefour européen du crime barbare. L’agence française reprenait les dires de Hicham, un belgo-marocain de 36 ans, qui révélait que « beaucoup de Français qui viennent se faufilent, se diluent dans la communauté marocaine », expliquait-il, au milieu d’un groupe d’amis, en train d’observer l’opération de police. « Ils viennent, ils prennent une carte d’identité, tout est facile. En France il y a la DST, tout ça, pas ici ».
Pour son ami Mohamed également d’origine marocaine, « Molenbeek c’est la meilleure commune en Belgique ». « On se croirait au Kosovo, à Istanbul, à Marrakech… et à Bruxelles ! » « C’est LA commune multiculturelle de la Belgique. Ils sont en train de la salir », déplorait-t-il. « Ici, le musulman a le droit d’être comme il veut, en djellaba s’il veut. Ici, on applique bien ‘ Liberté Egalité Fraternité ’, mais maintenant ils veulent mettre fin à tout ça », s’inquiétait-il dans des propos rapportés par l’AFP.
« C’est exactement ce que veut Daech, que l’on se divise » rappelle à juste titre Mehdi, maroco-belge installé à Bruxelles, non loin du quartier de Molenbeek, joint par Telquel. Pour lui, « les gens intelligents feront le distinguo entre un musulman, un Marocain, un Algérien, un Maghrebin ou tout ce que vous voulez, et un terroriste » mais concède également que tout le monde devient méfiant. « On est encore dans le vif, sur le moment. Les attentats de Paris sont récents et dès que la situation à Bruxelles se calmera, tout repartira, mais oui, il y a eu un avant et il y aura un après attentats. » nous confie ce jeune commerçant bruxellois.
Une communauté marocaine inquiète
Signe que la tension est palpable, le site d’informations belge Lalibre.be consacre un article au « malaise » ressenti par la population musulmane sur le cas d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des terroristes tués lors de l’assaut du RAID, mercredi 18 novembre. Les articles du monde entier présentait le terroriste en tant que belge « d’origine marocaine » ce qui, pour la communauté marocaine, avait le don d’irriter. Lalibre reprend notamment les dires de Medhi Alioua, sociologue et enseignant à l’Université internationale de Rabat qui estime qu’Abaaoud « n’est pas Marocain. » « Il est avant tout belge. Je n’ai rien contre les binationaux, mais il a grandi en Belgique, parle très mal arabe et ne connait rien du Maroc », conclut l’universitaire.
Le site d’informations belge évoque également les commentaires des internautes marocains, suite au portrait d’Abaaoud sorti chez nos confrères de Le360.ma et intitulé « Abdelhamid Abaaoud, le Marocain qui serait derrière les attentats de Paris. » En commentaire de cet article, un internaute réagit : « Bande d’hypocrites, quand il s’agit de Marouane Fellaini ou Nacer Chadli, ce sont des Belges, et quand c’est un terroriste né, éduqué et brain washed à Paris ou à Bruxelles, vous le collez au Maroc » indique ainsi Lalibre.be
La montée des actes islamophobes qui découle des récents attentats, est toujours appréhendée par les communautés minoritaires, aussi bien intégrées soient-elles. La communauté marocaine, très présente en Belgique, souhaite, comme tout gens sensés, que la situation s’éclaircisse vite.
C EST GRAVE