Chaque année, le ministère de l’Education nationale marocain accorde une bourse dite de mérite aux étudiants qui suivent leur cursus dans une école d’ingénieurs en France. Cette aide est habituellement offerte à tous les jeunes inscrits dans une quinzaine d’écoles différentes, et n’est pas soumise à des critères sociaux.
Mais cette année, le nombre de bourses pour les Marocains inscrits en première année a été divisé par deux, passant de 157 pour 2014-2015 à 84 pour 2015-2016. Certaines écoles ne sont plus concernées (aucune des cinq premières, mais Supélec Bretagne ou Centrale Lille par exemple) . Aucune convention ne lie ces établissements à l’Etat marocain pour l’octroi de ces aides.
Des dizaines de jeunes marocains comptaient sur cette bourse. D’après eux, ils n’ont pas été prévenus de ce changement. « Si j’avais su, je ne serais jamais venu en France », nous explique Charif El Jazouli, qui a débuté ses cours à l’école des Mines de Nancy en septembre. « Certains parents ont déjà demandé à leurs enfants de rentrer au Maroc », nous raconte le jeune homme. La bourse attendue couvre les trois années universitaires. Elle s’élève normalement à 5 000 dirhams par mois sur dix mois et 6 000 dirhams par an.
Les frais de scolarité de ces écoles s’élèvent à plusieurs milliers d’euros chaque année (3 850 euros par an pour Mines Saint-Etienne et 828 euros pour Centrale Marseille par exemple). « Nous n’avons droit à aucune autre aide », nous explique Charif El Jazouli, dépité.
En réalité, la France distribue aussi deux autres types de bourse, mais plus sélective. L’une, dite d’excellence ne peut pas être cumulée à la bourse marocaine.
« Tout élève peut postuler mais n’est pas automatiquement boursier »
« Tout élève ayant intégré l’une de ces écoles [de la liste publiée au Bulletin officiel, ndlr], peut postuler mais n’est pas automatiquement boursier. Aucun candidat de première année ne peut avoir la certitude de bénéficier d’une bourse en augurant des résultats de l’année précédente », nous explique-t-on au ministère marocain de l’Education nationale. D’après cette administration, l’enveloppe budgétaire (qui comprend les étudiants en écoles d’ingénieurs pour 70 % et en écoles de commerce pour 30 %) n’a pas été diminuée cette année.
Mais alors pourquoi y a t-il moins d’élèves bénéficiaires ? Le ministère nous explique que le budget est d’abord alloué aux étudiants en 2e et 3e année (avant de distribuer de nouvelles bourses, aux jeunes de 1ère année). Or, d’après cette source, ces derniers seraient plus nombreux que les années précédentes. Autrement dit, jusqu’à présent, le poste budgétaire suffisait à couvrir l’ensemble des étudiants durant toute leur scolarité, et ce n’est plus le cas maintenant.
Pourtant, le nombre de nouveaux bénéficiaires (les admis en première année, donc) ne semble pas avoir augmenté ces trois dernières années et cette bourse ne bénéficie qu’aux étudiants qui ont intégré l’école en première année.
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