Une mission du Fonds monétaire international (FMI) a séjourné au Maroc du 21 octobre au 4 novembre 2015 pour faire le point sur la Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL), approuvée en juillet 2014. Lors de cette mission, le FMI a passé au peigne fin les comptes du pays. Les discussions avec les différents organes économiques et sociaux au Maroc ont porté principalement sur le renforcement de la résilience et du potentiel de l’économie marocaine. Débriefing en six points.
Une croissance de 4,7% en 2015
«Une gestion macroéconomique prudente et la poursuite des réformes structurelles ont été bénéfiques pour le Maroc au cours des dernières années », analysent d’emblée les experts du FMI dans leur note. Pour l’organisation internationale, la croissance se raffermit et devrait atteindre 4,7 % en 2015 grâce, en partie, à une bonne campagne agricole.
Cependant, la reprise de l’activité non agricole reste modérée, notamment en raison d’une reprise économique en Europe plus lente que prévu. L’inflation est faible et le crédit reste modéré. Le déficit des transactions extérieures courantes continue de se réduire en 2015 et devrait atteindre 1,5 % du PIB tandis que les réserves internationales ont augmenté davantage pour s’établir à près de 6,5 mois d’importations. Ces résultats s’expliquent en partie par la diminution de la facture des importations d’énergie et d’alimentation, et une croissance des exportations d’automobiles et des transferts de fonds des Marocains résidents à l’étranger.
Ralentissement de la croissance en 2016
La croissance devrait ralentir à 3 % en 2016, du fait du retour de l’activité agricole à un niveau normal, et devrait s’accélérer progressivement à moyen terme pour s’approcher de 5%.
Cependant, les risques liés au ralentissement de la croissance dans les pays avancés et émergents, une hausse des prix mondiaux de l’énergie due aux tensions géopolitiques dans la région, et une augmentation de la volatilité sur les marchés financiers mondiaux demeurent importants.
La réforme des subventions, une réussite
« Le déficit budgétaire a continué à baisser ces dernières années grâce aux mesures prises par le gouvernement, notamment la réforme des subventions aux produits pétroliers », relève le FMI. Aussi, le taux de pauvreté, le chômage et les inégalités ont diminué au cours des dix dernières années, mais il reste beaucoup à faire pour que les bienfaits de la croissance soient mieux partagés. Selon l’institution, il faut réduire les disparités sociales et régionales, continuer d’accroître le taux d’activité des femmes, et améliorer la qualité de l’éducation et de la couverture médicale, préconise l’instance internationale.
La réforme des retraites est urgente
Pour le FMI, l’évolution budgétaire jusqu’à fin septembre est positive et en ligne avec l’objectif de 4,3% du PIB fixé pour 2015. La mission salue les efforts déployés pour continuer de renforcer les finances publiques, comme en témoigne le projet de loi de finances 2016 qui vise une baisse du déficit budgétaire à 3,5 % du PIB.
À moyen terme, les réformes budgétaires devraient continuer d’accroître la résilience de l’économie aux chocs et de renforcer les marges de manœuvre budgétaire afin d’investir dans les infrastructures, la santé, l’éducation et la protection sociale, qui sont cruciales pour rehausser le potentiel de l’économie et mieux partager les bienfaits de la croissance.
À cet égard, les avancées considérables dans la réforme du régime des subventions, ainsi que l’amélioration et la modernisation du cadre budgétaire, sont louables. Dorénavant, la priorité est de rendre le système fiscal plus efficient et plus équitable. Il est surtout urgent de réformer le régime des retraites afin d’assurer sa viabilité. Ces réformes contribueraient à orienter la dette publique à la baisse. En effet, celle-ci reste soutenable et en mesure de résister à divers chocs, mais, il est souhaitable de la réduire pour renforcer davantage les marges de manœuvre de l’économie, estime les experts du FMI.
Un taux de change plus flexible
Sur le plan extérieur, l’amélioration du solde des transactions courantes, conjuguée à la vigueur des flux de capitaux, a contribué à renforcer les réserves internationales. Il est important de continuer d’améliorer le climat des affaires, la transparence et la gouvernance afin d’accroître la compétitivité extérieure. Le FMI salue les efforts pour accroître l’inclusion financière et l’accès au crédit, en particulier pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Il note avec « satisfaction » que les autorités ont l’intention d’adopter un nouveau régime de taux de change plus flexible, qui faciliterait la diversification en cours de l’économie, renforcerait son intégration à l’économie mondiale et sa capacité d’absorption des chocs extérieurs.
Une banque centrale plus indépendante
Le récent Programme d’évaluation du système financier a confirmé que le secteur financier reste sain. Les banques sont bien capitalisées et rentables, et leurs sources de financement sont stables. Les risques pesant sur la stabilité financière sont limités, mais il convient de surveiller étroitement l’augmentation des créances en souffrance et la concentration des engagements.
Le contrôle bancaire est efficace et devrait continuer de se renforcer. La mission a pris note avec satisfaction des efforts déployés par les autorités pour continuer de renforcer le cadre de politique financière en mettant en œuvre la loi bancaire 2014 et les normes de Bâle III, ainsi que pour renforcer la surveillance des risques systémiques. L’adoption de la nouvelle loi portant sur les statuts de la banque centrale renforcerait davantage son indépendance et son rôle en matière de supervision bancaire et de stabilité financière.
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