Le MUR maintient l'invitation du controversé cheikh Al-arifi

Le prédicateur saoudien Muhammad Al-Arifi, connu pour sa fatwa sur "l'urine de chamelles" est invité à prendre la parole au Maroc. Polémique.

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Mohammad Al-Arifi. Crédit DR

Pour fêter le nouvel an de l’héjir, le mouvement unicité et réforme (MUR), matrice idéologique du PJD, a choisi un invité bien spécial et pour le moins encombrant: le prédicateur saoudien Muhammad al-Arifi. Ce dernier doit animer dimanche 25 octobre une conférence sur «le rôle du Coran dans la façonnement de l’être humain». L’invitation n’est pas passée inaperçue. Le MUR a été critiqué pour ce qui a été dénoncé comme une provocation islamiste en raison des positions jugées «extrémistes» et «haineuses» d’Al-Arifi, une superstar du petit écran et des réseaux sociaux.

Il faut dire que Mohammad Al-Arifi n’est pas un inconnu dans les milieux salafistes. Il est l’un des prédicateurs vedettes de plusieurs chaînes satellitaires spécialisées dans les fatwas. Il s’était illustré par une série de sorties cathodiques mémorables. Il avait ainsi affirmé que boire l’urine des chamelles aurait des vertus thérapeutiques. Il est aussi l’auteur d’une fatwa appelant les jeunes filles à ne pas s’habiller légèrement devant leur père car cela pourrait susciter l’excitation sexuelle chez leur géniteur. Mais ce sont surtout ses prêches où il appelle au jihad en Syrie, parlant d' »obligation » pour les croyant, qui ont provoqué l’ire de ses détracteurs.

Le MUR affiche sa distance

Contacté par Telquel.ma, Abderrahim Chikhi, président du MUR, affirme que le mouvement n’a pas l’intention d’annuler cette conférence car «il n y a pas  de raison objective de le faire». Il ajoute que contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas le MUR qui a invité le prédicateur au Maroc, mais que sa présence entre dans le cadre d’un autre événement international qui se déroule au Maroc, sans plus de précisions. Le MUR a juste profité de sa présence pour lui adresser une invitation à une conférence ayant pour thème le Coran, assure-t-il.

Pour Chikhi, plusieurs des fatwas du prédicateur ont été déformées. A titre d’exemple, la fatwa de la fille qui ne doit pas se vêtir légèrement devant son père est «une fatwa particulière concernant une fille harcelée sexuellement par son père», assure-t-il.

Cela étant, le leader du MUR oppose une distance entre son association et les positions de son invité.  «On n’est pas obligés de partager toutes les positions et fatwas de nos invités. Celles exprimées par le prédicateur n’engagent le MUR en rien» oppose-t-il. Et d’ajouter que ce prédicateur à son public au Maroc et qu’il «vaut mieux l’inviter et débattre de ses idées que de laisser les jeunes le voir seulement sur internet sans pouvoir échanger avec lui», estime-t-il.

Malgré les propos qui se veulent rassurants du côté du MUR, les critiques ne cessent de s’amplifier. La dernière en date provient de l’association Bayt al Hikma, qui se veut une structure de lutte contre l’obscurantisme. Dans un communiqué relayé par plusieurs sources médiatiques le mercredi 7 octobre, l’association considère que l’invitation de ce prédicateur par le MUR «est un soutien clair au discours religieux takfiriste, et aux tendances obscurantistes qu’ (il) incarne». Bayt Al Hikma considère que les propos du cheikh polémique «alimentent la haine, le fanatisme, l’extrémisme, le takfir et la violence». Le MUR ira-t-il jusqu’au bout?

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