« Pendant que l’affaire suivait son cours devant la justice, il fallait se taire, et c’est ce que nous avons fait. Malheureusement, l’autre partie n’a pas respecté ce principe », lance d’emblée le vice-président exécutif d’Ynna Holding. Remontant au début de l’affaire, Faouzi Chaâbi estime que le groupe français n’a pas à demander des dédommagements « vu qu’il n’a pas respecté sa part du contrat ». « La construction de l’usine devait leur rapporter 7 millions d’euros de bénéfices. Maintenant, ils en demandent 30 alors qu’ils n’ont absolument rien construit », soutient-il.
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2007, le début du litige
Le conflit, selon les Chaâbi, remonte à 2007. Le projet de cimenterie, qui devait voir le jour en 2011, a été confié alors au Français Fives FCB à l’issue d’un appel d’offres. La même année, un contrat est signé avec le groupe. Il stipule que Fives FCB « se charge de trouver un financement adapté au projet et acceptable par Ynna Asment ». « Lors de cette phase préliminaire, la filiale marocaine de Fives FCB, CPC Maroc, qui devait réaliser le projet de cimenterie, n’existait pas et ne sera créée qu’en novembre 2008 », affirme le management.
En janvier 2009, Ynna Asment prolonge le délai de l’entrée en vigueur du contrat à cause du « retard enregistré par Fives FCB dans l’obtention d’un financement acceptable ». La nouvelle filiale d’Ynna Holding réclame alors la restitution des avances versées à Fives FCB. De son côté, le groupe français réclame 10 millions d’euros pour solde de tout compte. Un montant qu’Ynna Holding estime « exorbitant ». La famille Chaâbi a-t-elle renoncé à son projet de cimenterie ? Pour Faouzi Chaâbi, c’est Fives FCB qui n’a pas honoré sa part du contrat, « le projet étant resté figé au stade de l’élaboration du dossier de financement ».
« Je suis plus malin qu’eux »
À l’issue d’un feuilleton judiciaire en Suisse et au Maroc, Ynna Holding est condamné à payer à Fives FCB 19,5 millions d’euros de dommages. Il faut y ajouter 5 % d’intérêt à partir du 31 juillet 2009. L’entreprise française tente alors de saisir les comptes bancaires d’Ynna Holding qui se révèlent être vides. « Nous les avons vidés, naturellement », avoue le vice-président du holding familial. Fives FCB se rabat alors sur la SNEP. Après des tentatives infructueuses, le groupe français finit par jeter son dévolu sur l’enseigne de grande distribution Aswak Assalam. « La SNEP n’appartient pas qu’à Chaâbi, mais aussi à des milliers de petits porteurs qui ont subi un préjudice dans cette affaire », explique Faouzi Chaâbi.
Quant aux enchères portant sur les actions d’Aswak Assalam, notre interlocuteur constate que les acquéreurs ne se bousculent pas au portillon. D’autant plus que les Chaâbi font circuler une rumeur selon laquelle l’administration fiscale réclame à l’enseigne quelque 550 millions de dirhams à la veille des enchères. Une manœuvre pour décourager les enchérisseurs ? Faouzi Chaâbi ne s’en cache pas : « J’ai confirmé effectivement cette information. Je suis plus malin qu’eux », déclare-t-il à Telquel.ma. En attendant que le pourvoi en cassation déposé en février 2015 aboutisse, la famille Chaâbi est déterminée à ne pas passer à la caisse.
Bilal Mousjid
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