« Qui a peur de Nabil Ayouch ? » titre le journal français l’Obs, dans son édition du 10 septembre. Dans cet article, mi-portrait mi-entretien, le cinéaste revient, avec de nouvelles révélations, sur les nombreuses polémiques qui ont entourés son film « Much Loved » dont la sortie officielle dans les salles obscures française est prévue pour le 16 septembre.
Le CCM « impuissant »
Nabil Ayouch confiera aux journalistes français avoir ressenti les prémices de la polémique dès sa présentation à Cannes, en mai 2015. «Au tout début, des amis m’appelaient pour me féliciter du buzz, comme si je l’avais orchestré moi-même. Alors que j’ai tout de suite compris qu’il pouvait s’avérer dangereux pour le film comme pour l’équipe.» confie ainsi le cinéaste. Selon lui, les membres de la délégation du Centre cinématographique marocain, présent lui aussi à Cannes à ce moment-là, avaient voulu être rassurants : «Ils me disaient que ce n’était pas grave, que le film était très bien.» Aussitôt rentré au Maroc, ces mêmes personnes qui selon Ayouch avaient voulu le soutenir, ont retournés leur veste. Avec l’impulsion du ministère de la Communication, le CCM annonce l’interdiction du film. «Ils (CCM) m’ont dit qu’ils étaient impuissants face à la décision du ministre» conclut ainsi le réalisateur.
Craintes pour sa sécurité
À la suite de la polémique, Nabil Ayouch confiera à l’Obs, s’être inquiété pour sa sécurité et celle de son équipe. Avec ses producteurs, il choisit de mettre sous protection ses quatre actrices dans un appartement. «On a passé beaucoup de temps avec elles. Elles étaient vraiment effrayées. Depuis la fin du mois d’août, ça va mieux. Elles s’apprêtent à retourner chez elles et à reprendre leurs études.»
Sa réponse au cheikh Mohammed Fizazi
Fin août, sur son compte Facebook, Mohamed Fizazi, avait déclaré que l’actrice principale du film Much loved, Loubna Abidar, s’était repentie de la « faute grave qu’elle a commise ». Le cheikh faisait référence aux scènes de nus et au langage cru de l’actrice dans le long-métrage de Nabil Ayouch, et affirmait avoir eu une longue conversation téléphonique avec elle. Interrogé sur cette sortie médiatique du cheikh, le cinéaste ne s’étendra pas longuement sur la question : «Loubna était avec moi au Festival d’Angoulème, quand cette vidéo est sortie. À ce degré de n’importe quoi, il vaut mieux en rire » lance-t-il.
Le prix de la meilleure actrice, remis à l’actrice, lors de ce même Festival, a depuis laisser dubitatif Fizazi. «Elle m’avait promis qu’elle ne fera plus que des téléfilms et du théâtre le tout sans scènes de nu», avait déclaré le prédicateur. «Elle est piégée» par les contrats de promotion, nous expliquait-t-il. «Aucune obligation contractuelle de venir faire la promotion du film n’existait», avait rétorqué pour sa part Nabil Ayouch.
Investi contre le piratage
Dans l’entretien avec le journal l’Obs, Nabil Ayouch revient également sur la controverse, après la diffusion et la distribution illégale de DVD piratés, sur lesquels figurent une version non-montée du film, comprenant des scènes «un peu crues, supprimés au montage, voire des images pornographiques tirées d’autres films». Ayouch confiera avoir mis un place une «communication exceptionnelle pour expliquer à la population que ce n’était pas du tout Much Loved». Il confiera à quel point cela est pénible, dans la mesure ou Ayouche est également président de l’Association marocaine de Lutte contre le Piratage.
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