Telquel.ma : Quel bilan faites-vous depuis le lancement de la phase de test le 21 juillet ?
Meryem Belqziz : Le bilan côté passager est très positif. Pour 20 à 30 %, ce sont des touristes ou des MRE qui ont l’habitude d’utiliser Uber dans leur pays de résidence et qui utilisent l’application naturellement au Maroc. L’autre profil type ce sont des urbains de CSP+. Ils ont entre 30 et 40 ans, possèdent leur propre véhicule et n’utilisent jamais de taxi. Ils font appel à Uber comme substitut à leur véhicule, soit pour sortir le soir, soit pour les déplacements professionnels. Ca reste un marché de niche, mais, au sein de cette niche, ça a bien pris. Je ne peux pas vous donner de chiffres, mais ils dépassent nos prévisions.
Côté chauffeur, le bilan est positif également. Depuis le début, nos partenaires, des sociétés de transports agréés, ont embauché de nouveaux chauffeurs depuis le lancement. Nous travaillons avec une dizaine de PME qui embauchent entre 15 et 20 chauffeurs, mais tous ne sont pas sur la plateforme Uber. Le profil des chauffeurs est assez intéressant. Ce sont parfois des personnes diplômées, qui ont été licenciées de leur entreprise pour raison économique, où des étudiants qui financent leurs études, et qui se sentent valorisées de travailler via Uber. Ils apprécient le côté technologique, à la mode, et le fait d’avoir la possibilité de noter les utilisateurs.
Où en est-on de l’interdiction de la Wilaya ?
Nos avocats attestent qu’étant donnée son activité, Uber n’a pas besoin d’autorisation spécifique, et certainement pas d’une autorisation de transporteur puisque nous sommes une société de technologie et plus précisément une société de « génération de leads ». Aujourd’hui, au Maroc, il n’y a pas de législation spécifique pour ce type d’activité. Nous sommes en relation avec différentes personnes de la Wilaya pour régler cette situation et que la collaboration se passe de la manière la plus saine possible. De leur côté ils cherchent à comprendre ce que nous faisons précisément, qui nous sommes, quelle est notre démarche. Donc, à un moment donné, les choses devraient se régler naturellement. Pour nous, il n’y a pas de problème en fait.
Quelle est votre ambition pour Uber au Maroc ?
La première étape est de finaliser Casablanca. La phase de test devrait se terminer fin septembre début octobre. Elle nous a permis de poursuivre la formation permanente des chauffeurs, mais également de tester un nouveau système de GPS, Waze, plus performant que Google Maps à Casablanca.
L’étape suivante sera de lancer Uber à Rabat, d’ici fin 2015. Puis Marrakech et Tanger.
S’agissant des services, une fois que nous aurons atteint une certaine masse critique, nous pourrions différencier la gamme UberX et UberVan et pourquoi pas lancer la gamme UberBerline, des voitures plus luxueuses, car il y a potentiellement une demande sur ce segment.
Notre ambition c’est aussi de faire profiter de nos datas la collectivité, en matière de flux de personnes en fonction des heures par exemple. Uber l’a fait à Boston, ce qui a permis à la ville d’optimiser ses infrastructures. C’est ce que nous comptons faire avec la ville de Casablanca, notamment avec le projet Smart City et la Vision 2020.
Quelle est votre marge de progression ?
Il nous faut plus de voitures en circulation. Nous faisons le maximum pour que la demande augmente le plus vite possible, notamment au travers de nos opérations marketing, mais il faut y aller progressivement. Si vous avez trois personnes pour trois véhicules en circulation, il y a un risque que ces trois personnes ne trouvent pas les trois véhicules au moment et à l’endroit où elles en ont besoin. Si en revanche, vous avez 20 000 véhicules en circulation et 20 000 personnes, la probabilité est beaucoup plus élevée que l’offre rencontre la demande. La masse crée une dynamique différente.
Pour nous développer, nous cherchons aussi à augmenter le nombre d’utilisateurs et la fréquence d’utilisation pour qu’Uber devienne une habitude de déplacement.
Nous commençons à avoir des feedbacks d’utilisateurs, qui, au moment d’acheter un nouveau véhicule personnel, se rendent compte qu’Uber est plus économique. Le but c’est qu’ils ne se posent même plus la question.
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