Quand vous lui demandez si elle a peur, elle ne bronche pas et répond avec un laconique :« tout ce dont j’ai peur, c’est de ne pas relever mon défi ». Elle, c’est Najwa Koukouss Raji, présidente de la jeunesse du Parti Authenticité et Modernité. Et il ne s’agit pas de n’importe quel défi. À tout juste 25 ans, elle est présentée tête de liste principale dans l’arrondissement du quartier populaire casablancais Sidi Othman. Comme concurrents, 13 autres listes composées, entre autres, de caciques de partis, de vieux habitués dont Mohamed Haddadi, président sortant de l’assrondissement, encarté au RNI. Najwa est la seule femme et la plus jeune.
Une candidature à la dernière minute
C’est au siège régional de son parti, à Casablanca que Najwa nous accueille. On la retrouve parmi une dizaine de jeunes, des camarades de lycée et de la fac. « Ils ont toujours été là pour moi et me soutiennent», nous assure-t-elle plutôt fière. La toute jeune militante sait s’entourer et a du travail pour sa campagne. « J’étais il y a quelques jours au quartier Lahraouiyine. Un quartier plutôt marginalisé où nous avons pu constater tout ce qu’il restait à faire », nous explique-t-elle. Pourtant, Najwa Koukouss Raji revient de loin. Sa désignation tête de liste principale à Sidi Othman n’a été faite qu’à la dernière minute, et elle la doit au parlementaire Said Naciri (aussi président du WAC ). « 48 heures avant le début de la campagne, il m’appelle pour me donner sa place ». Depuis, tout change pour Najwa. Elle qui s’attendait à être tête de liste féminine du même arrondissement. « Beaucoup de personnes s’attendaient à ce que ce soit lui qui se présente (Said Naciri, ndlr). J’ai donc cette pression , en plus de celle de la responsabilité. 32 autres personnes sont derrière moi dans la liste principale et je suis la seule femme », s’enthousiasme la jeune dirigeante du haut de son 1m60.
Un quartier populaire et sa marginalisation, Najwa en sait quelque chose. Elle y est née et y a grandi. Elle voit le jour à Derb Sultan, à Derb l’fokarae plus précisément. Née de père commerçant et de mère femme au foyer, elle a grandi dans une famille modeste et plutôt apolitique. Pur produit de l’école publique, c’est elle qui fera le premier pas en allant s’inscrire « comme tout le monde« , dans un bureau du PAM à Casablanca. Avant, elle était au Mouvement de Tous les Démocrates (MTD), comme à peu près tous les dirigeants du parti. « Mon père m’a toujours encouragée depuis le début », se rappelle Najwa. Et maintenant, même si très malade, il continue de l’accompagner dans ses déplacements aux quatre coins du pays.
« Je n’ai pas eu besoin d’un nom de famille connu pour réussir au PAM »
Najwa Koukouss n’évite pas les questions et s’en sort comme elle peut. On appuie là où ça pourrait faire mal, en l’interrogeant sur la polémique de sa publication sur facebook concernant la visite du roi de l’Arabie saoudite. Elle sourit et nous assure que personne dans son parti n’a perdu confiance en elle. « J’ai oublié ce sujet. Si j’avais perdu une quelconque confiance comme certains disent, je ne serai pas candidate en tête de liste principale à un des arrondissements les plus importants de Casablanca », affirme-t-elle, sourire aux lèvres. La confiance en soi est déjà là. Serait-elle trop jeune pour diriger un arrondissement, alors qu’elle prépare toujours son master en droit international ? « Qu’est ce qui m’en empêche ? Même Nicolas Sarkozy, en étant élu conseiller municipal à Neuilly-sur-Seine, n’avait que 22 ans », nous répond-elle.
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La jeune Najwa Koukouss n’a pas peur des reproches. Pourtant, elle a dû y faire face au sein même de son parti. « Trop jeune pour diriger une jeunesse, trop femme pour être à la tête de quoi que ce soit », pouvait-on lui dire entre autres. Des reproches qu’elle a dû balayer d’un revers de main, en travaillant pour assurer son ascension dans sa formation politique. Pour cela, elle a également eu besoin de deux mentors de taille : Khadija Rouissi dont elle a été un moment assistante au parlement et Ilyas El Omari qu’on ne présente plus. « Ces personnes sont toujours là pour ceux qui n’ont pas de soutiens et qui, comme moi, viennent de familles très pauvres avec des parents qui n’ont pas fait de politique », témoigne Najwa. Pour ajouter : « Il existe des jeunes qui veulent s’engager en politique mais qui n’ont pas de noms de famille connus ou des soutiens à l’extérieur du parti ».
Mais que compte faire Najwa Koukouss Raji pour Sidi Othman ? «Ce seait mentire que dire qu’on résoudrait tous les problèmes de l’arrondissement au lendemain des élections », nous dit-elle en toute franchise. « Je préfère rappeler que je suis persévérante et que je vais toujours jusqu’au bout de mes objectifs, au lieu de faire des promesses », poursuit-elle. La candidate aime à rappeler également qu’elle vient avec une toute nouvelle perspective et vision. Et qu’elle est décidée à ne pas réitérer les erreurs passées.
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