Dans les milieux d’affaires éthiopiens, une blague circule sur le cheikh Mohamed Al Amoudi : « En Éthiopie, on ne fait pas de privatisations. Seulement des al-amoudisations… » Et pour cause. À 69 ans, le milliardaire saoudien né en Éthiopie est le premier employeur privé dans son pays natal. Depuis 1991 et la chute du régime communiste, il y a investi plus de 2 milliards de dollars. En janvier 2008, un télégramme diplomatique américain révélé par WikiLeaks remarquait que « presque toutes les entreprises d’une importance financière ou stratégique significative privatisées depuis 1994 sont passées [sous le contrôle] d’Al Amoudi ». D’après le magazine américain Forbes, en 2015, sa fortune personnelle s’élève à 11,1 milliards de dollars, faisant de lui le deuxième Noir le plus riche du monde, le deuxième Saoudien le plus fortuné, et le 161e à l’échelle de la planète. Cheikh Al Amoudi détient notamment le Groupe Corral Petroleum Holding qui possède trois raffineries et plus de 1000 stations-service. Sa filiale marocaine, Corral Holding Maroc, détient, pour l’heure, 67,27 % des parts de la Samir, dont l’avenir reste incertain.
L’image d’un philanthrope…
Discret dans les médias, les sociétés (non cotées) du Saoudien ne communiquent que rarement sur leurs résultats. L’histoire officielle raconte que la fortune d’Al Amoudi provient d’un contrat à 30 milliards de dollars signé en 1988 pour la construction d’un complexe de stockage pétrolier en Arabie Saoudite. Depuis, l’homme d’affaires a diversifié ses investissements dans le raffinage du pétrole, les BTP, les mines d’or, et dernièrement l’agriculture. Ses activités se concentrent essentiellement dans le nord de l’Europe (en Suède principalement), la région MENA et l’Éthiopie. Au total, ses entreprises emploient près de 70 000 personnes dans le monde.
Les rares interviews accordées par le milliardaire portent sur ses actions de philanthropes. Ainsi de cet entretien au magazine Forbes où le milliardaire détaille sa philosophie : « J’ai eu de la chance au cours de ma carrière et je crois au fait de le rendre à ma communauté. Comme mes affaires les plus fructifiantes ont eu lieu au sein des communautés Arabes et Africaines, il me semble juste que le surplus philanthropique soit adressé à ses communautés qui en ont le plus besoin ». Al Amoudi a en effet lourdement investi dans le système éducatif saoudien. C’est également un partenaire des fondations Clinton pour la recherche contre le SIDA et Gates pour la sécurité alimentaire. Dans son pays de cœur, l’Éthiopie, le milliardaire a œuvré à la promotion des cafés locaux qui sont désormais vendus dans les cafés Starbucks du monde entier.
… doublée d’une part d’ombre
Selon des documents de la cour dans le procès des familles du 11 septembre, Al Amoudi aurait octroyé des fonds à des groupes affiliés à Al Qaïda, qui seraient impliqués dans l’attentat à la bombe sur les ambassades américaines en Afrique en 1998. Les documents de la cour précisent en outre que l’une des compagnies d’Al Amoudi avait construit et contrôlait le port d’Aden (Yémen) où le navire de guerre américain USS Cole a subi une attaque revendiquée par Al Qaïda en 2000. Les documents précisent que les enquêteurs américains le suspectaient d’être mêlé à ces deux attentats. Plusieurs sites dédiés à l’étude d’une vérité alternative à celle présentée par les autorités américaines sur les attentats du 11 septembre mentionnent par ailleurs son nom au volet du financement des attaques. Al Amoudi est également controversé pour son soutien apporté au Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens lors des élections législatives éthiopiennes de 2005 qui ont reconduit Meles Zenawi comme Premier ministre d’un régime autocratique et répressif.
Le secteur pétrolier marocain, et les automobilistes ont les yeux braqués sur cet homme marié, père de huit enfants, qui pourrait réinjecter 13 milliards de dirhams dans le capital de la Samir. L’augmentation de capital devrait être actée le 12 octobre prochain, lors d’une assemblée générale extraordinaire.
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Si La Samir n’était pas privatisée on aurait dû tous changer nos voiture tout les trois quatre ans vu la qualité qu’ils avaient avant.