La Femen Marguerite Stern: «Il n’est pas exclu que nous revenions au Maroc»

Telquel.ma s’est entretenu avec Marguerite Stern, l’une des deux militantes du mouvement Femen ayant manifesté pour le droit des LGBT devant la Tour Hassan à Rabat. 

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Femen Tour Hassan Rabat
Crédit : Yassine Toumi

Le 2 juin, deux militantes du Femen s’embrassent, seins nus, devant la tour Hassan à Rabat. Un geste qui a pour but de « célébrer les droits LGBT et dénoncer l’injustice faite à la communauté homosexuelle au Maroc »  selon un communiqué du mouvement. Quelques heures (sept pour être précis) après ce baiser, les deux militantes sont arrêtées puis expulsées du territoire. Telquel.ma s’est entretenu avec l’une d’elle, Marguerite Stern, qui nous fait le récit de cette opération coup de poing.

Sur votre compte Twitter, vous affirmez avoir subi un interrogatoire long de six heures. Que vous ont demandé les forces de l’ordre ? De quelle manière ces demandes ont-elles été faites ?

Nous avons effectivement subi un interrogatoire de six heures dont le but était clairement de nous intimider et de nous soutirer des informations concernant les journalistes présents (lors du happening, ndlr).

Nous n’avons cité aucun nom, mais nous sommes inquiètes du sort qui va leur être réservé. Nous sommes au courant du fait que la liberté de la presse est constamment menacée au Maroc et rappelons que le droit de s’informer, ainsi que le travail de journaliste sont des conditions sine qua non à l’existence d’une société libre et démocratique. Aussi nous tenons à remercier ces journalistes qui ont eu le courage de se rendre sur les lieux, de photographier l’action, ainsi que de la diffuser.

Il nous a été demandé à plusieurs reprises de dénoncer ces personnes qui faisaient simplement leur travail. Durant ces six heures, la question est revenue à plusieurs reprises et de façon extrêmement insistante.

Le communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale mentionne le début de poursuites judiciaires à votre encontre ainsi qu’à l’encontre de votre camarade du mouvement Femen. Mais, environ 40 minutes plus tard, le ministère de l’Intérieur annonce que vous alliez être expulsées du territoire. Comment les autorités ont-elles changé d’avis à votre sujet ?

Durant notre présence sur le territoire marocain, nous n’avons à aucun moment été informées des charges pour lesquelles nous pourrions éventuellement être poursuivies. Notre expulsion est la seule notification officielle dont nous avons été informées.

C’est la première action du mouvement Femen au Maroc. Pourrait-t-on voir d’autres actions de ce genre (ou non) se reproduire sur le territoire marocain?

Femen est un mouvement féministe international. Nous défendons des valeurs humanistes et universelles. Au-delà des questions de traditions, au-delà des frontières, nous considérons que les droits humains doivent être les mêmes en Suède, en Arabie saoudite, au Maroc, en Chine ou en France. C’est pourquoi nous nous réservons le droit d’agir partout dans le monde à chaque fois que des droits fondamentaux sont menacés. Il n’est donc pas exclu que nous retournions au Maroc ou même que nous y développions une branche. Nous appelons d’ailleurs les Marocaines à se lever contre les injustices qui leurs sont faites et à nous rejoindre !

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