L’organisation de la Coupe du monde, une simple affaire de corruption ? C’est ce que semble indiquer des documents de la justice américaine, relayés par le quotidien américain New York Times, qui effectue actuellement une enquête sur la Fifa pour « faits de corruption ». Selon ses documents, la course à l’organisation de la Coupe du monde 2010 qui, devait se tenir sur le continent africain en vertu du système de rotation imposé par la Fifa, a été entachée par la corruption.
Selon les documents de la justice américaine plusieurs responsables de la Fifa ont cherché à vendre leur vote au plus offrant. On notera que ces documents de la justice américaine se basent, en partie, sur le témoignage de Chuck Blazer, un ancien responsable de la Fifa. Lors de son témoignage devant la justice américaine, en 2013, il avait « secrètement » plaidé coupable pour « faits de corruption ».
10-1 pour l’Afrique du Sud
En 2004, cinq pays africains sont candidats à l’organisation du Mondial : l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Libye, le Maroc et la Tunisie. Suite au retrait de la Libye et de la Tunisie, il ne reste que trois candidats. Quelques mois avant la désignation du pays hôte de l’événement footballistique, Blazer et l’un de ses collaborateurs se sont rendus au Maroc. Les documents rendus publics par le New York Times indiquent que le collaborateur de Blazer est un « haut responsable au sein de la Fifa, la Concacaf et de l’Union caribéenne de football (UCF) ». A des fins pratiques nous nommerons ce collaborateur, « Collaborateur #1 ». Lors de ce voyage, « un représentant du comité d’organisation marocain » offre la somme d’un million de dollar à Collaborateur # 1 en échange d’un vote favorable au Maroc lors de la désignation du pays hôte du Mondial 2010.
Plus tard, Chuck Blazer apprend qu’une association, contrôlée par Collaborateur #1, a reçu un don de 10 millions de dollars provenant du gouvernement sud-africain. L’association, qui a pour but de « soutenir la diaspora africaine », a obtenu ce don suite à un arrangement entre « des représentants de la Fifa, du gouvernement sud-africain et du comité d’organisation sud-africain ». Cette opération avait, selon les documents de la justice américaine, pour but d’obtenir les votes de Blazer, de Collaborateur #1 et d’un autre collaborateur de Blazer que nous nommerons Collaborateur #2. Collaborateur #2 était un haut responsable de la Fifa et de la Concacaf. Suite à cette opération, Blazer a reçu un million de dollars de la part de Collaborateur #1. Blazer et ses deux collaborateurs ont affirmé avoir voté pour l’Afrique du Sud au moment de designer le pays organisateur du Mondial 2010. Pour rappel, l’Afrique du sud a remporté, au détriment du Maroc, l’organisation de la Coupe du monde par 14 voix contre 10. Les votes de Blazer et de ses collaborateurs ont donc été déterminants dans la désignation de l’Afrique du sud.
1992, le coup d’essai
Mais la tentative de corruption pour l’obtention de la Coupe du monde 2010 n’était pas un coup d’essai pour le Maroc. En effet le comité d’organisation marocain avait, selon les documents de la justice américaine, déjà effectué des versements illicites à la Fifa afin d’obtenir l’organisation de la Coupe du monde 1998. En 1992, les membres du comité d’organisation offrent « un pot-de-vin », dont le montant n’est pas précisé, à Blazer ainsi qu’à Collaborateur #1 en échange d’un vote favorable lors de la désignation du pays hôte du Mondial 1998.
L’offre est acceptée par Collaborateur #1, mais le versement du pot-de-vin tarde. Collaborateur #1 demande à Blazer de « contacter les membres du comité d’organisation marocain afin de déterminer la date du paiement ». Blazer contacte les responsables marocains à plusieurs reprises utilisant notamment le téléphone de la Concacaf dont le siège est basé à New York. Le paiement est, selon les documents de la justice américaine, effectué lors « du comité exécutif de la Fifa tenu le 2 juillet 1992 » a l’issue duquel la France obtient l’organisation de la Coupe du monde 1998.
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