La Fédération interprofessionnelle marocaine du lait (Fimalait) et les ministères de l’Agriculture et de l’Economie ont signé une convention lors du 10e salon de l’agriculture, le 27 avril dernier. Ce contrat-programme vise à doubler la production de lait d’ici 2020. Ce serait alors 4 milliards de litres qui seraient mis sur le marché (contre 2,4 actuellement). Pas moins de 6,6 milliards de dirhams seront consacrés à ce plan, qui prévoit notamment de faire passer le cheptel laitier d’1,2 à 1,33 million de têtes.
Pour accompagner cette hausse de la production, l’État et le secteur prévoient une campagne de sensibilisation pour vanter les qualités nutritives du lait, au financement duquel l’État contribuera (la participation financière du gouvernement dans ce contrat-programme s’élève à 1,27 milliard de dirhams, mais cela n’inclue pas seulement cette campagne de promotion). Au programme de cette campagne, le contrat-programme prévoit « une campagne médiatique annuelle destinée au grand public (spots et bandes d’annonces radio et TV, bulletins d’information et de communications…) » [d’après le ministère de l’Agriculture, « 69 passages radio et 112 affiches sont prévus »], ainsi qu’un « salon spécialisé tous les 2 ans (soit 3 pour la période 2015-2020) » et des « séminaires sur le lait et ses qualités ».
Le 7 mai, quelques jours après le Salon de l’agriculture, la Fimalait se fendait d’un communiqué dans lequel, sur un ton surprenant, elle annonçait le lancement de sa campagne de sensibilisation aux bienfaits du lait. Le texte du communiqué, sibyllin et presque agressif, disait que cette campagne visait à « contrecarrer cette tendance [à l’importation d’une vaste polémique] qui pourrait poser de sérieux problèmes de santé publique », se proposant de « corriger les idées reçues qui circulent au sujet de la consommation du lait ».
Qui la Fimalait a-t-elle donc dans le viseur ?
Depuis quelques années, les études se multiplient pour mettre en garde contre les méfaits d’une consommation excessive de lait à l’âge adulte. En 2008, en France, le livre du journaliste scientifique Thierry Souccar Lait, mensonges et propagande a créé la polémique en accusant l’industrie laitière et son lobbying de pousser à une surconsommation de lait, à l’aide d’études scientifiques financées et de l’appui des pouvoirs publics.
Cette polémique a connu un développement récent et bien médiatisé en 2014. Au mois de mai de cette année, une étude suédoise, dont les auteurs invitaient toutefois à l’interpréter avec prudence, observait que les femmes qui consomment trois fois ou plus de lait par jour ont un risque relatif de décès « de 90% plus élevé », et que leur risque de fracture de la hanche était « 60% plus élevé » en comparaison à celles qui se contentaient de moins d’un verre par jour. Chez les hommes, l’écart était également constaté pour les décès mais dans des proportions plus modérées, et il n’apparaissait plus du tout dans le cas des fractures. Cette étude se contente toutefois d’observer ces disparités sans être capable de les interpréter.
Tout indique que la polémique à laquelle la Fimalait souhaite « riposter » (sic) à l’aide des fonds de l’État est bien celle-là : il n’y a pas d’autres polémiques dans la presse et sur les sites spécialisés concernant la consommation de lait.
La Fimalait, caisse de résonance pour la Centrale laitière
Derrière la Fimalait, en théorie on trouve des représentants de toute la filière laitière : le conseil d’administration de la Fimalait réunit des représentants de Centrale laitière, de Colainord, de Nestlé, de Superlait, de Colaimo et de Safilait. Le président de la Fimalait est Moulay M’hamed Loultiti, président de la Copag. De quoi couvrir une large part du secteur laitier national : le marché du lait pasteurisé est en fait un oligopole constitué de Centrale laitière (55%), Copag (20%) et Safilait (7%), comme relevé dans le rapport du Conseil de la concurrence de 2013.
Mais c’est la Centrale laitière qui tient le haut du pavé au sein de la Fimalait : le leader du secteur laitier national est également le propriétaire du site de la Fimalait, comme en atteste la page Mentions légales du site de l’organisation. Laquelle n’a d’ailleurs pour seul numéro de téléphone… que celui du service presse de la Centrale laitière. D’ailleurs, l’adresse postale de la Fimalait est exactement la même que celle du siège de la Centrale laitière. A travers la Fimalait, la Centrale laitière dispose donc d’une caisse de résonance capable de mobiliser les fonds publics pour agir sur un secteur qu’elle domine largement. Contacté par Telquel.ma, la filiale marocaine de Danone n’a pas donné suite à nos questions.
Pourtant, dans la polémique autour des seuils de consommation de lait, la plupart des articles de presse au Maroc répètent la seule version de la Fimalait. Celle-ci, dans sa campagne médiatique actuelle, soutient que la consommation de lait au Maroc se situe à 22 litres par an et par habitant, sans mentionner de source. Mais il y a deux ans, « les industriels » indiquaient que les Marocains consommaient 55 litres par an et par habitant, soit plus du double.
Ces chiffres communiqués aux médias, outre qu’ils fluctuent dans des proportions considérables, sont très loin de ceux indiqués dans le contrat-programme du 27 avril dernier, dans lequel on peut lire :
La réduction des coûts, qui sera induite par l’amélioration de l’efficience de la filière permettra une amélioration progressive de la consommation pour atteindre 90L de lait /habitant/an en 2020 contre 70L de lait /habitant/an en 2014.
Quel poids économique pour le lobby laitier ?
Le marché du lait et des produits laitiers pèserait, d’après le ministère de l’Agriculture, 8 milliards de dirhams de chiffre d’affaires annuel et 460 000 emplois.
Mais le secteur connaît une période de disettes. Du côté de Centrale laitière, on accuse une baisse de 5,5% des ventes de lait de 2013 à 2014. Une tendance qui semble aller de mal en pis, la Fimalait déplorant ainsi un recul de 10% du chiffre d’affaires sur le seul dernier trimestre de l’année 2014, par rapport à un an auparavant. Les professionnels du secteur laitier en appellent donc à l’État pour que les consommateurs reprennent le chemin des laiteries.
Boire du lait… avec modération
Reste à adopter une consommation raisonnable. La surconsommation de lait est désormais suspectée de nombreux risques. Cancer de la prostate chez l’homme, des ovaires chez la femme, maladie de Parkinson… Les médecins donnent des avis parfois contraires sur les vertus et les tares prêtées au lait. Mais certaines observations font l’unanimité. Dans le cas des produits laitiers riches en matières grasses (beurre, fromages gras, desserts à base de lait), une trop forte consommation peut présenter des risques cardiovasculaires.
Par ailleurs, la capacité à digérer le lait va en décroissant avec l’âge. De nombreuses personnes, principalement âgées, ne tolèrent guère plus le lactose, qui leur donne des diarrhées, des ballonnements ou des maux de ventre. L’autorité européenne de sécurité des aliments a estimé que pour les intolérants au lactose, il est difficile de tolérer une consommation de plus de 250 ml de lait en une fois sans développer de symptôme.
Et quelque soit vôtre âge, la consommation de lait doit rester raisonnable. Pour les accros au raïb, au leben et au café nos nos, le conseil de Walter Willett, responsable de nutrition de l’école de santé publique à l’université de Harvard, est de consommer deux laitages par jour, guère plus. Thierry Souccar est du même avis, considérant même que « beaucoup d’études étrangères ainsi que l’OMS préconisent au maximum deux produits laitiers par jours (soit 500g environ, ce qui équivaut à une portion de fromage de 40g et un verre de lait ou un yaourt) ».
Attension ! Le lait est mauvais pour la sante’ ; le lait est un poison doux , ses proteines sont sources d allergies , d infections pulmonaires a repetitions chez les adultes , le lait contienten plus des hormones de croissances des conservateurs cancerigenes !! Le the’ est antioxidant. C est mille fois mieux.