Les investissements en provenance de l’étranger (IDE, pour investissements directs étrangers) ont beau contribuer à la croissance de l’économie marocaine, ils ne bénéficient pas au bien-être de la population, conclut la Banque africaine de développement (BAD), dans son rapport L’investissement direct étranger améliore-t-il le bien-être des populations dans les pays d’Afrique du Nord ?.
« Même si l’impact [des IDE] sur le PIB par habitant est positif », reconnaît ainsi la BAD, « la corrélation négative entre les variations de l’IDE et le revenu national brut par habitant au Maroc confirme nos résultats antérieurs selon lesquels le lien entre l’IDE et le bien-être n’est pas concluant », tranche-t-elle.
Pour arriver à cette conclusion, la BAD a analysé, pour tous les pays d’Afrique du Nord, les corrélations entre investissements étrangers, évolution de la richesse nationale mais aussi le taux de pauvreté ou l’indicateur de développement humain (IDH), qui prend en compte les facteurs de la santé, de l’éducation et du niveau de vie.
Il en ressort que dans le cas du Maroc, le volume des IDE a fortement augmenté depuis l’an 2000, ce qui a certes coïncidé avec une réduction de la proportion de la pauvreté (voir le graphique 1, à gauche). Toutefois le volume des IDE, une fois rapporté à la population, n’est pas corrélé à la réduction de la pauvreté (graphique 2, à droite).
En somme, les investissements ont beau représenter une part croissance de la richesse nationale et correspondre à une réduction concomitante de la proportion de pauvres, cette réduction est déconnectée de ce que représentent les investissements étrangers par habitant.
Des investissements mal placés
Comment expliquer que le montant des investissements étrangers par habitant peine à avoir un effet d’entraînement sur le niveau de pauvreté ? Pour les économistes de la BAD, les IDE qui viennent au Maroc sont trop concentrés dans le secteur tertiaire, en particulier « les services et le tourisme (finance, affaires, hôtellerie et restauration) ».
L’étude de la BAD est formelle : «[De 2008 à 2010], aucun IDE ou presque ne visait le secteur primaire au Maroc et très peu, le secteur manufacturier.»
Pourtant, les secteurs agricole et manufacturiers sont « considérés comme à forte intensité de main-d’œuvre et favorables aux pauvres dans les économies en développement », avertit la BAD, selon qui cette concentration sectorielle des IDE aurait même comme conséquence de creuser les inégalités de revenus au Maroc. L’institution recommande donc à nouveau au Maroc d’orienter les IDE vers ces secteurs négligés :
Au Maroc, la réorientation d’un volume plus important d’IDE vers les secteurs primaire et manufacturier favorisera une meilleure répartition des richesses.
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