Séisme dévastateur au Népal: plus de 2000 morts

Les sauveteurs sont confrontés ce dimanche à des destructions massives et des difficultés de communication après le séisme dévastateur au Népal qui a fait plus de 2 000 morts, un bilan qui devrait s'alourdir, alors que de nouvelles répliques ont frappé la capitale.

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Des citoyens essaient de dégager les décombres de la place historique de Durbar à Katmandou. Crédit: AFP/PRAKASH MATHEMA

Selon la police népalaise, le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 1 953 morts au Népal même samedi 25 avril. C’est le plus meurtrier depuis 80 ans. Il y a des milliers de blessés.

Ce bilan devrait encore grimper et les agences humanitaires sur place ont toujours le plus grand mal à évaluer l’ampleur des destructions et des besoins. «Il est clair qu’il y a des besoins urgents en abris provisoires, nourriture, eau potable, vêtements chauds, couvertures et kits d’hygiène», a expliqué l’ONG Christian Aid.

De nouvelles répliques ont frappé Katmandou, la capitale très durement éprouvée, dont nombre d’habitants ont été contraints de passer la nuit dehors, dans la rue ou sous des tentes de fortune, malgré le froid.

Avalanche meurtrière sur l’Everest

Dans l’Everest, où le séisme a déclenché une avalanche meurtrière, 17 décès ont été confirmés dimanche, selon un responsable du tourisme népalais.

Six hélicoptères ont néanmoins réussi à atterrir sur le sommet himalayen, à la faveur d’une amélioration des conditions météorologiques, pour secourir des victimes de l’avalanche, a rapporté une journaliste de l’AFP présente sur les lieux. «Les gens sont allongés sur des brancards tandis que les hélicoptères atterrissent», a témoigné dans un texto la directrice du bureau népalais de l’AFP, Ammu Kannampilly, en reportage sur place. «Le temps est clair, un peu de neige».

En Inde, les autorités ont fait état de 53 morts, en majorité dans l’Etat oriental du Bihar. Dix-sept personnes ont trouvé la mort au Tibet, selon la presse officielle chinoise. Le tremblement de terre a aussi touché le Bangladesh.

Selon l’Institut américain de géophysique (USGS), le séisme s’est produit à environ 80 kilomètres au nord-ouest de Katmandou. Les secousses ont duré entre 30 secondes et deux minutes à l’heure de midi samedi.

Des centaines d’immeubles rasés

A Katmandou, dont une partie est privée d’électricité, des centaines d’immeubles ont été rasés. Le choc a provoqué l’effondrement de la tour historique de Dharhara, l’une des attractions touristiques majeures de la capitale, selon des témoins. Une dizaine de corps ont été extraits des ruines, selon un photographe de l’AFP.

Des neuf étages de cette tour blanche surmontée d’un minaret de bronze, datant du XIXe siècle, ne restaient que des décombres, selon les images des télévisions (voir la vidéo ci-dessous).

Nouvelle source d’angoisse, les habitants ont été constamment réveillés dans la nuit par des répliques. «Nous n’avons pas dormi de la nuit. Et comment aurait-on pu ? Le sol n’a pas arrêté de trembler. Il nous reste à prier que cela cesse pour que nous puissions rentrer chez nous», a raconté un jeune banquier, Nina Shrestha.

Les hôpitaux de la ville étaient remplis de blessés, souffrant de multiples fractures des membres et autres traumatismes. «Je bosse depuis 05h30 du matin. Je suis terrifié moi aussi mais il faut bien faire ce que l’on peut pour aider les autres», explique le chauffeur d’un cyclo-pousse qui a conduit la veille quelque 35 victimes à l’hôpital.

Le séisme a coupé des voies rapides dans la capitale et provoqué des dégâts à l’aéroport international de Katmandou, qui a été fermé «pour raisons de sécurité», selon son directeur, Birendra Prasad Shrestha.

La Croix-Rouge se dit inquiète du sort des villageois des zones rurales isolées proches de la zone de l’épicentre.  «Nous anticipons des pertes en vies humaines et des destructions considérables», a averti Jagan Chapagain, directeur pour l’Asie-Pacifique de la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

«Les routes ont été endommagées ou bloquées par des coulées de boue. Les communications sont rompues, ce qui nous empêche d’entrer en contact avec les branches locales de la Croix-Rouge et d’obtenir des informations crédibles», a souligné M. Chapagain.

«Nous avons vu des scènes terribles de destruction, des hôpitaux qui ont été évacués et des patients soignés dehors à même le sol, des maisons et des immeubles démolis, des routes avec des crevasses béantes», a renchéri Eleanor Trinchera, coordinatrice pour Caritas Australia.

Le séisme a été ressenti jusqu’au mont Everest, haut lieu mondial de l’alpinisme, où une puissante avalanche a balayé le camp de base.

Parmi les 17 morts recensés dimanche, figurent «des grimpeurs étrangers» dans ce camp de base où se trouvaient plus de 1 000 personnes, selon un responsable de l’office du tourisme népalais, Gyanendra Kumar Shrestha.

Un ingénieur américain travaillant pour Google aux Etats-Unis est mort dans l’avalanche, a annoncé sa famille. Selon la soeur de Dan Fredinburg, l’alpiniste serait mort au camp de base d’un traumatisme crânien. En ce début de saison, des centaines d’alpinistes se trouvent au camp de base du toit du monde, situé à 5 500 mètres d’altitude.

Solidarité internationale

Les propositions d’aide ont commencé à affluer de l’étranger. Les Etats-Unis ont annoncé l’envoi d’équipes de secours et le déblocage d’une première enveloppe d’un million de dollars. «Du fond du coeur, nous adressons notre sympathie aux peuples du Népal et des régions touchées par cette tragédie», a dit le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

L’Inde voisine a dépêché deux avions de transport militaires et la Chine a annoncé l’envoi d’une équipe de 62 secouristes aidés de chiens. Des experts de l’Union européenne sont en train de se rendre dans les zones affectées. Berlin, Londres et Madrid ont aussi promis leur aide, la Norvège annonçant pour sa part le déblocage de 3,5 millions d’euros.

Le FMI s’est dit prêt à envoyer une équipe au Népal «dans les plus brefs délais afin d’aider le gouvernement à évaluer la situation macroéconomique et à déterminer les besoins financiers», en coordination avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD) notamment.

Enfin, le pape François a exprimé «sa solidarité à l’égard de tous ceux affectés par ce désastre» et a fait part de sa «tristesse», selon le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican.

Par Paavan Mathema, avec Ammu Kannampilly sur le mont Everest 

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