Danger dans vos assiettes. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organe rattaché à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le 20 mars cinq pesticides cancérogènes « probables » ou « possibles » pour l’Homme. Le glyphosate, le malathion, le diazinon, notamment, sont considérés comme « probables », dernier échelon avant la classification de cancérogènes « certains ». Or ces produits sont utilisés au Maroc et homologués par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), d’après la liste des substances autorisées datant de 2012 disponible sur le site de l’organisme.
Le glyphosate est la substance active du Roundup, herbicide controversé commercialisé par Monsanto (entreprise américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles), et dont la production est la plus importante en volume dans le monde. Outre l’agriculture, où son usage a fortement augmenté, il est également utilisé dans les forêts et par les particuliers dans leurs jardins.
Du glyphosate a été retrouvé dans l’air, dans l’eau et dans la nourriture, selon le CIRC qui précise que la population est exposée lorsqu’elle habite à côté des zones traitées. Au Maroc, deux sociétés le commercialisent : Alfachimie et Agrimatco. Et en 2011, notamment, l’Etat a déversé des herbicides sur des plantations de cannabis. Or, certains spécialistes, jugeaient probable que le produit utilisé soit du Roundup.
Le géant Monsanto a réagi à cette classification. Dans un communiqué, l’entreprise indique que les conclusions ne sont pas basées sur de nouveaux travaux de recherche, et relève que le CIRC a aussi classé parmi les produits cancérigènes probables le café et les téléphones portables.
Des résidus de pesticides sur les amandes, le persil, la coriandre…
Les deux autres molécules épinglées par l’OMS entrent dans la composition de pesticides, d’ailleurs interdits par l’Union européenne, notamment pour leur toxicité sur les abeilles. D’après le CIRC, il existe des preuves limitées des risques cancérogènes du diazinon et du malathion sur l’Homme. Les cancers concernés sont respectivement celui de la prostate et du poumon.
Pourtant, ces pesticides sont autorisés au Maroc. Et les produits les plus susceptibles de détenir des résidus de pesticides sont les artichauts, les amandes, le persil et la coriandre, nous explique un ingénieur agronome ancien membre de la répression des fraudes. Ce sont d’ailleurs sur ces produits que l’administration réalise le plus de contrôles, même si la plupart des fruits et légumes sont surveillés de manière périodique.
La classification du CIRC n’a toutefois aucun caractère contraignant pour les Etats. «Il revient aux gouvernements et aux autres organisations internationales de recommander des réglementations, des législations ou des interventions de santé publiques», indique le CIRC dans son communiqué.
Conséquences sur l’environnement aussi
Avec l’intensification de l’agriculture, les pesticides sont de plus en plus utilisés au Maroc. D’après le ministère de l’Environnement, 6 400 tonnes d’insecticides ont été utilisées pour la campagne 2004-2005 par exemple. Mais « malgré cette importante augmentation, l’évaluation des conséquences environnementales de l’utilisation de ces produits [tous les intrants confondus, ndlr] est très limitée » critique le ministère de Hakima El Haïté, qui a lancé une évaluation des impacts environnementaux et sanitaires liés à l’utilisation des pesticides au niveau de la région du Gharb-Chrarda-Beni Hssen.
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