«Birdman» grand vainqueur d'une soirée d'Oscars très politisée

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Les acteurs qui ont reçu un prix aux Oscars 2015: J.K. Simmons, Patricia Arquette, Julianne Moore et Eddie Redmayne. Crédit: AFP

La comédie noire Birdman, d’Alejandro Inarritu, a décroché l’Oscar du meilleur film dimanche 22 février et a dominé une 87e soirée des Oscars ponctuée de messages militants sur le droit des femmes et des minorités.

Birdman interprété par Michael Keaton, Edward Norton, Naomi Watts et Emma Stone entre autres, raconte un ex-acteur de films de super-héros qui tente de renouer avec la gloire au théâtre. Le film faisait notamment face à Boyhood, Selma, Une merveilleuse histoire du temps et American Sniper.

Birdman, produit, écrit et réalisé par le mexicain Alejandro Inarritu, partait favori avec neuf nominations. Il en a remporté quatre dont meilleur scénario, meilleur réalisateur et meilleur directeur de la photographie.

Autres gagnants de la soirée, la comédie loufoque et surannée The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson, a décroché 4 statuettes et le thriller musical Whiplash, de Damien Chazelle, trois prix. « Un scénario qui démarrait avec un homme d’âge moyen assis en tailleur, ça ne menait nulle part, et pourtant nous sommes là« , a ironisé le réalisateur mexicain.

C’est la rousse Julianne Moore qui a été sacrée meilleure actrice pour son interprétation fine d’une malade d’Alzheimer dans Still Alice.

Le britannique Eddie Redmayne a, lui, été primé pour son interprétation puissante du cosmologue Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps. Il a rendu hommage au courage de ceux qui souffrent de la maladie de Charcot, comme le génial scientifique britannique.

Le compositeur français Alexandre Desplat –déjà nommé huit fois– a été primé pour la musique de The Grand Budapest Hotel.

Les larmes de David Oyelowo

Dès l’ouverture de la soirée le présentateur Neil Patrick Harris avait donné le ton politique en lançant: « ce soir nous honorons les films plus blancs… pardon les plus brillants d’Hollywood« , référence à la critique de la sélection de cette année, accusée d’être trop blanche et trop masculine.

Il a poursuivi dans la même veine un peu plus tard en s’adressant à l’acteur noir David Oyelowo, qui incarne Martin Luther King dans le très acclamé Selma, mais qui n’a pas été nommé pour l’Oscar du meilleur acteur. « Ahh! Vous l’aimez bien maintenant« , a-t-il lancé à l’assistance.  La chanson principale du film Selma, Glory, a remporté l’Oscar de la meilleure chanson, saluée par deux fois par une ovation debout, et faisant couler les larmes de David Oyelowo, bouleversé.

Common, qui l’interprète avec John Legend, a déclaré que « l’esprit » du pont de Selma, l’une des étapes marquantes de la lutte pour les droits des noirs-américains, « transcende les races, les orientations sexuelles« . Le rappeur a rendu hommage à « ceux qui ont marché pour la liberté d’expression en France et au peuple de Hong-Kong » qui a manifesté pour plus de démocratie. « Il y a plus d’hommes noirs en prison ici maintenant que d’esclaves en 1850« , a renchéri John Legend.

Des messages forts

Autre instant fort de la soirée, Citizenfour, film coup de poing sur le lançeur d’alerte Edward Snowden, qui a révélé le programme de surveillance massif du gouvernement américain, a remporté l’Oscar du meilleur documentaire.

Edward Snowden « a révélé les menaces qui pèsent non seulement sur notre vie privée mais sur notre démocratie », a déclaré sa réalisatrice Laura Poitras, accompagnée par le journaliste Glenn Greenwald, à qui Snowden avait également fait ses révélations.

Dans un communiqué, l’ex-conseiller de la CIA poursuivi par les Etats-Unis et réfugié en Russie a félicité la réalisatrice, ajoutant que « quand les citoyens travaillent ensemble, ils peuvent changer le monde« .

La française Mathilde Bonnefoy, lauréat du montage du meilleur documentaire Citizenfour, et avait aussi monté le film remarqué Cours, Lola, Cours (1998), avait expliqué lors d’un entretien à l’AFP que Citizenfour entendait dénoncer « la surveillance massive et de tout le monde » par le gouvernement américain.

Patricia Arquette, qui a reçu l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation de mère-courage dans Boyhood, n’a pas été en reste. Elle a salué « toutes les femmes qui ont porté un enfant », et appelé à « l’égalité de droits et salaires » pour les américaines.

Alejandro Gonzalez Inarritu a lui aussi lancé un message politique en rendant hommage à ses compatriotes, « ceux qui vivent au Mexique (…) et ceux qui vivent dans ce pays. (…) Je prie pour qu’ils soient traités avec la même dignité et respect que ceux qui les ont précédés dans cette nation incroyable d’immigrants« .

C’est J.K. Simmons qui avait reçu le premier prix de la cérémonie –meilleur second rôle– pour son incarnation haletante d’un professeur de musique tyrannique dans Whiplash, des mains de la comédienne Lupita Nyong’o, en fourreau blanc aux 6.000 perles.

Neil Patrick Harris a mené avec efficacité la soirée, faisant rire tout le Dolby Theatre quand il a déboulé sur scène en slip blanc, parodiant Birdman et Wiplash.  La fantasque Lady Gaga a fait une magnifique interprétation des classiques de The sound of music, rejointe sur scène par son interprète originale, la mythique comédienne Julie Andrews.

Par Veronique DUPONT

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  • Hollywood a encore choisi de récompenser le politiquement correct (Birdman) au lieu d’honorer le chef-d’œuvre qu’est Boyhood, qui d’ailleurs a raflé tous les prix précurseurs dans la catégorie meilleur film. Rien que pour l’expérimentation avant-gardiste qui a pris 12 ans pour éclore, le réalisateur Richard Linklater aurait du être la star de la soirée. Je suis ravi de ne pas avoir suivi la cérémonie. Les Oscars ne sont plus ce qu’ils étaient il y a belle lurettte.