L'Egypte bombarde la Libye pour venger la décapitation de ses ressortissants chrétiens

Les avions de combat égyptiens ont bombardé lundi des positions de l'Etat islamique (EI) en Libye quelques heures après la revendication par ce groupe de la décapitation de 21 chrétiens coptes égyptiens.

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Les Egyptiens coptes avant leur exécution. Capture d'écran de la vidéo publiée par Al-Hayat Media Centre, proche de Daech.
Capture d'écran de la vidéo publiée par Al-Hayat Media Centre, proche de Daech.

Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français François Hollande ont appelé conjointement l’ONU à réunir son Conseil de sécurité pour décider de « nouvelles mesures » contre l’EI, l’Egypte insistant sur la nécessité impérative d’une « intervention ferme » de la communauté internationale pour enrayer la progression de ce groupe extrémiste en Libye.

« Nos forces armées ont mené lundi des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou des dépôts d’armes de Daech en Libye« , a annoncé l’armée égyptienne dans la matinée. Les militaires ont rendu publiques des images montrant des avions de combats –manifestement des F-16 de fabrication américaine– décollant en pleine nuit. Des témoins ont assuré à l’AFP en Libye que des avions avaient frappé à Derna, fief des jihadistes à 1.300 km à l’est de Tripoli.

Avec ces exécutions revendiquées dimanche soir par sa branche libyenne, l’organisation jihadiste démontre qu’elle a exporté ses méthodes d’extrême brutalité en dehors des régions qu’elle contrôle en Syrie et en Irak où elle multiplie les atrocités.

Deuil national en Egypte

Le Caire a annoncé un deuil national de sept jours. Sur la vidéo diffusée sur internet, des hommes portant des combinaisons oranges, semblables à celles d’autres otages exécutés ces derniers mois en Syrie, sont alignés sur une plage les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent au couteau. En janvier, la branche libyenne de l’EI avait affirmé avoir kidnappé 21 coptes égyptiens et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient été enlevés en Libye voisine.

Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions théologiques de l’islam sunnite, a qualifié ces exécutions de « barbares. » « Al-Azhar insiste sur le fait que de tels actes barbares n’ont rien à voir avec quelque religion que ce soit », lit-on dans un communiqué de l’institution. Et tandis que Washington a condamné un « meurtre abject« , estimant que « la barbarie de l’EI n’a pas de limites« , le président français, dont le gouvernement doit signer lundi la vente d’avions de combat Rafale avec l’Egypte, a « exprimé sa préoccupation face à l’extension des opérations » du groupe jihadiste en Libye.

« Il y a dans le chaos libyen des risques de jonction entre ce qu’est Daech au Levant et Daech en Libye« , a commenté le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, avant de s’envoler pour Le Caire.

« Nous sommes au sud de Rome »

« Nous sommes au sud de Rome, sur la terre musulmane de la Libye (…) cette mer dans laquelle vous avez caché le corps du cheikh Oussama ben Laden, nous jurons devant Allah que nous allons la mêler à votre sang« , affirme sur la vidéo le jihadiste habillé en treillis militaire.

La dernière vidéo d’exécution diffusée par l’EI remontait au 3 février, lorsque le groupe avait montré un pilote jordanien brûlé vif dans une cage. Il avait été capturé en Syrie en décembre après le crash de son avion alors qu’il effectuait une mission dans le cadre de la coalition internationale antijihadistes menée par Washington. Accusée de nettoyage ethnique et crimes contre l’Humanité, l’EI a reçu l’allégeance de plusieurs groupes jihadistes, notamment en Libye et en Algérie, exportant ses méthodes brutales et ses pratiques médiatiques.

Le premier groupe jihadiste d’Egypte, Ansar Beït al-Maqdess, s’est rallié à l’EI et revendique régulièrement des attentats spectaculaires contre les forces de l’ordre, publiant des vidéos-chocs tournées durant ces attaques ou filmant des décapitations.

La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi, les autorités ne parvenant pas à contrôler les dizaines de milices formées d’ex-insurgés qui font la loi face à une armée et une police régulières affaiblies. « Laisser la situation en l’état en Libye sans une intervention ferme pour y stopper la progression des organisations terroristes représenterait une menace claire pour le sécurité internationale et la paix« , a déclaré à l’adresse de la communauté internationale le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri.

Par Samer Al Atrush

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